L’influence néerlandaise sur le vocabulaire français. (Marjolein van den Berg)

 

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Introduction

 

Quand deux langues entrent en contact, elles ont une influence l’une sur l’autre. Sous l’influence d’une autre langue, il est possible qu’une langue va adopter certains traits de cette autre langue. Tous les éléments d’une langue peuvent être adoptés. Dans ce mémoire, je veux regarder des mots qu’on adopte d’une autre langue, des emprunts.

Le vocabulaire français consiste pour une partie d’emprunts. Le français a emprunté des mots provenant de langues diverses, les plus importantes sont le latin, le grec et l’anglais. Maintenant, l’influence de l’anglais est l’influence la plus importante sur le français. Le gouvernement français essaye de diminuer cette influence anglaise, entre autres en remplaçant des mots anglais par des mots français. Par exemple, en juin 2003, l’emprunt anglais email est remplacé par le mot français courriel par la Commission générale de terminologie et de néologie, une commission du ministère de Culture. La décision a été publiée dans le Journal officiel du 20 juin 2003. (www.culture.gouv.fr/culture/dglf/terminologie/courriel.htm). On essaye de substituer un mot en faisant une loi et en utilisant le mot dans la langue du gouvernement. Il n’est pas sûr qu’on réussisse à remplacer un mot. Les locuteurs d’une langue décident si un mot entre dans la langue ou pas.

Quand on parle d’emprunts, il faut qu’on se rende compte que tous les emprunts ne sont pas égaux. Il y a des facteurs divers qui sont importants quand on examine les emprunts.

La classe des mots est importante. Quelles sortes de mots sont empruntées? Seulement des noms, ou également des verbes? D’abord, on emprunte les noms. Quand le contact est plus intensif, on emprunte également les verbes, des adjectifs etc. Donc, quand on a emprunté des verbes, le contact a été plus intense que quand on n’a emprunté que des noms. Le deuxième facteur est le secteur des mots. Est-ce que les emprunts sont seulement des mots d’un secteur spécifique, par exemple la navigation, ou est-ce que les emprunts sont des mots des secteurs très différents? La période de l’emprunt joue également un rôle pour étudier l’intensité des contacts. Quand les emprunts datent de périodes très différents, le contact a été plus intense que quand les emprunts datent de une période spécifique. Le degré de contact est également important pour étudier l’emprunt.

Dans ce mémoire, je veux regarder les contacts entre la France et les Pays-Bas et les emprunts du néerlandais en français.

Il y avait un contact intensif entre le français et le néerlandais, parce que le français a eu beaucoup d’influence sur le néerlandais. Dans un registre de Elzinga de 1920 dans le livre de Salverda de Grave (1906), il y a 12.000 emprunts français dans le néerlandais. Quelques mots ont disparu, mais la plus grande partie est encore présente dans le vocabulaire du néerlandais (van der Sijs, 1996:146). A côté des mots, le néerlandais a également emprunté quelques caractéristiques phonétiques, comme le g français. Le contact entre deux langues n’est pas un contact unilatéral. Il est donc logique de penser que le néerlandais n’a pas seulement emprunté des mots au français, mais que le français a également emprunté des mots au néerlandais. Dans ce mémoire, je veux regarder l’influence néerlandaise sur le français, en particulier dans le domaine des emprunts. Je veux voir s’il y a des emprunts néerlandais en français. Je veux les classifier dans des périodes et des sections différentes. Enfin, je veux regarder les significations des mots. Je veux examiner le changement de sens aux emprunts néerlandais selon quelques possibilités, données par Michel Bréal (1925).

Les questions qui je veux traiter dans ce mémoire sont:

-Quelle a été l’influence néerlandaise sur le français dans le domaine du vocabulaire?

-Les emprunts néerlandais, ont-ils changé de signification?

-Quelles sont les changements de sens aux emprunts néerlandais et est-ce qu’il y a un trait commun à tous les emprunts néerlandais?

Dans le premier chapitre, je vais étudier l’emprunt en général. Je vais parler des contacts entre les langues et de l’adaption d’un emprunt. Dans le deuxième chapitre, je vais parler de la situation entre la France et les Pays-Bas. Je vais étudier l’histoire du français et l’histoire des relations entre les deux pays. Dans ce chapitre, je traiterai également des emprunts néerlandais en français. Dans le troisième chapitre, je parlerai des changements de sens. D’abord, je vais exposer la théorie de Michel Bréal sur les changements de sens, après, je vais traiter tous les emprunts néerlandais en français qui ont changé de sens.

 

 

1. L’emprunt

 

1.1. Qu’est-ce que l’emprunt?

 

On peut diviser le vocabulaire d’une langue en deux parties: les mots d’héritage et les mots d’emprunt. Les mots d’héritage sont les mots qui sont dans une langue dès la naissance de cette langue. Les mots d’héritage sont souvent des mots pour les choses de tous les jours et de tous les temps, comme bras, manger et rire. Les mots d’emprunt sont surtout utilisés pour des choses nouvelles, mais c’est possible qu’une langue ait emprunté tant de mots que des mots de tous les jours sont des emprunts.

Il y a trois manières d’emprunter (v.d. Sijs, 1996:9):

  1. L’emprunt de signification. Un mot qui existe déjà reçoit une nouvelle signification. Il est très difficile de reconnaître cette manière d’emprunter, parce que le mot est un mot hérité, mais avec la signification qui vient d’une langue étrangère. (Par exemple: le mot néerlandais familie signifie ‘famille’, qui se compose des grands-parents, les oncles, les nièces etc., tandisque le néerlandais a un autre mot pour désigner la famille qui se compose seulement les parents et les enfants: gezin. Sous l’influence du mot anglais familie, le mot néerlandais familie peut avoir la signification du mot gezin (Van der Sijs, 1996:9). Ce n’est pas sûr que la signification a changé sous l’influence de l’anglais, parce que les significations peuvent également changer sans l’influence d’une autre langue.

  2. Le calque. Un mot étranger se traduit par des mots d’origine. Cette forme d’emprunter est souvent utilisée pour les compositions. Il est difficile de reconnaître cette forme d’emprunter aussi, parce que le mot ressemble à un mot hérité, mais c’est en fait la traduction d’un mot étranger. (par exemple: skyscrapergratte-ciel).

  3. Mot d’emprunt. Cette forme d’emprunter est la plus courante. Un mot est emprunté avec sa forme et sa signification. (par exemple: digue (du néerlandais dijk), ou abricot (de l’arabe al-barquq)

 

 

1.2. Le contact entre les langues

 

Quand deux peuples avec deux langues entrent en contact l’un avec l’autre, il y a contact entre les deux langues. La définition de contact de langue est: l’usage de plus d’une langue à la même place au même moment’ (Thomason, 2001). Souvent, un (ou tous) des locuteurs dans une situation de contact de langue essayent de parler l’autre langue. Dans cette situation, il est possible qu’un locuteur mélange des mots de l’autre langue dans sa langue. Quand le contact entre deux langues est intensif on emprunte plus de mots et peut-être des éléments de la structure. En dessous se trouve une division en quatre stades de contact.

  1. Le contact sporadique. Les locuteurs de la langue qui emprunte ne parlent pas la langue étrangère couramment. Il y a peu de bilingues parmi les locuteurs de la langue qui emprunte. C’est possible que les langues empruntent des mots l’un à l’autre également. On emprunte surtout des substantifs. On n’emprunte pas le vocabulaire de base, seulement des mots pour nommer des choses nouvelles. Souvent, ces choses sont liées à une nouvelle culture, la culture du peuple qui parle l’autre langue. Par exemple, le français a emprunté des mots mathématiques à l’arabe, comme zéro et algèbre. Quand on a emprunté ces mots, les Arabes étaient très avancés dans ce domaine, donc le français a emprunté ces mots, malgré le fait que le contact n’a pas été très intense. Dans ce stade on n’emprunte pas de la structure, comme la syntaxe ou la phonétique.

  2. Le contact régulier. Les emprunteurs sont plus ou moins bilingues, mais probablement une minorité des locuteurs de la langue qui emprunte des mots. On n’emprunte pas de vocabulaire de base, donc des mots comme jambe, tomber ou marcher, ce sont des mots qui existent dans toutes les langues. On emprunte à coté des substantifs également des conjonctions et des particules. On peut emprunter des caractéristiques structurelles, mais très peu.

  3. Le contact fréquent. Il y a plus de bilingues. L’emprunt est stimulé par les attitudes et des facteurs sociaux. La langue qui prête est par exemple très prestigieuse ou c’est la langue de la religion officielle. On emprunte beaucoup de mots. Dans ce stade, on emprunte du vocabulaire de base tandis que dans le stade deux, ce n’est pas encore le cas. On peut aussi emprunter des nombres etc. et des affixes. Il semble que dans le premier stade, on emprunte également des nombres (zéro), mais ce n’est pas vrai, parce que le concept zéro n’existait pas en français. En ce cas, ce n’est pas seulement un mot, mais un mot pour une idée nouvelle, comme au stade un. Dans le stade un, on emprunte donc seulement des mots pour des choses nouvelles. Dans le troisième stade, par contre on emprunte des mots pour des choses connues. On a déjà un mot pour cette chose, mais on remplace ce mot par un mot étranger. Les affixes peuvent également être ajoutés aux mots d’héritage. On emprunte des phonèmes, ou on perd des phonèmes. En français, on a emprunté les phonèmes w et h aspirée aux langues germaniques. Ce sont des phonèmes qui n’existaient pas en français quand le français se formait (pour la formation de la langue française, voir le chapitre 2.1). On peut emprunter des caractéristiques syntaxiques, comme l’ordre des mots. Sous l’influence de la langue des Francs, l’ordre des mots en français a changé. Dans les langues germaniques, le déterminant précède toujours le déterminé, au contraire du français. Le français a emprunté ce caractéristique dans quelques cas. L’influence germanique devient claire dans des noms de lieux. Dans les régions franques, on peut voir des noms de lieux comme Neuville et dans le Midi, on trouve Villeneuve. (Pour l’influence franque sur le français, voir le chapitre 2.1).

  4. Le contact intensif. Il y a un haut degré de bilinguisme. Tous les mots peuvent être empruntés. Dans la structure, on peut également emprunter toutes les caractéristiques, même si la conséquence est que la typologie d’une langue change.

 

Donc, un ou deux individus commencent à emprunter un mot, et ce mot pénètre dans la langue. La première personne qui emprunte n’est presque jamais connue. Il n’est pas nécessaire que les emprunteurs soient parfaitement bilingues: quelquefois, on emprunte des mots avec des articles, sans reconnaître ces articles. Il y a beaucoup d’exemples dans les emprunts arabes. Le mot al en arabe est un article, mais le français a beaucoup de mots d’origine arabe qui commencent avec a ou al, par exemple abricot ou algèbre. Ce sont des mots avec des articles, empruntés à l’arabe. Il y a de différents facteurs qui déterminent si un mot pénètre dans la langue: le prestige de la langue d’origine, le prestige et le standing des gens qui utilisent le mot et la fréquence d’usage.

 

 

1.3. L’intensité des contacts

 

Quand une langue a emprunté des mots à une autre langue, ce n’est pas la preuve que les langues ont été en contact étroitement. L’intensité des contacts peut être déterminée par l’espèce des mots qui sont empruntés et le développement des mots empruntés. Quand on a emprunté seulement des mots techniques (des mots pour des concepts nouveaux), le contact n’a pas été très intense. Quand on a emprunté des mots pour des choses, actes et sentiments humains, le contact a été intense. La présence des affixes productifs est une autre indication pour un contact intensif. Quand on emprunte un affixe, on emprunte d’abord des mots avec un affixe. Après, on reconnaît ces affixes comme affixe, et ensuite, on applique cet affixe aux mots d’héritage.

 

 

1.4. Les manières d’emprunter

 

Les manières d’emprunter un mot peuvent être différentes: on peut emprunter un mot oralement ou par écrit. La façon d’emprunter a des conséquences pour l’orthographe et la prononciation d’un mot. Quand on a emprunté le mot oralement, on a emprunté le son. Le son peut être différent de l’orthographe dans la langue d’origine, donc l’orthographe change. Quand on emprunte un mot par écrit, le son du mot peut changer, parce qu’on prononce un mot comme ce mot s’écrit. Cela peut être différent que dans la langue d’origine. Il y a des emprunts français en néerlandais qui sont emprunté d’un façon différente dans le nord (dans les Pays-Bas) et dans le sud (en Flandre). Dans le nord, les mots comme annonce et contrôle sont emprunté par écrit, parce qu’on prononce le ‘e’ final. En français, on ne prononce pas ce ‘e’. En Flandre, on a emprunté ces mots oralement, parce qu’on ne prononce pas ce ‘e’.

On peut emprunter un mot directement ou indirectement d’une langue. Un mot peut être emprunté plusieurs fois, des langues différentes dans la même forme, ou plusieurs fois de la même langue. En néerlandais, on a d’abord emprunté le mot biscuit du français. Ce mot s’est transformé en beschuit. Plus tard, le néerlandais a emprunté le mot biscuit de nouveau, et ce mot est resté biscuit. On a changé l’orthographie, on peut également écrire biskwie, mais la prononciation n’a pas changé.

 

 

1.5. Les facteurs qui (dé)favorisent l’emprunt

 

On emprunte des mots, quand deux langues viennent en contact. Il y a des situations différentes qui stimulent l’emprunt: quand il y a des liens politiques, on peut emprunter des mots, on les prend surtout de la langue dominante. La religion constitue un lien important. Quand on propage sa foi, ou quand on vient en contact avec d’autres religions, on emprunte souvent des mots. C’est pourquoi le français a emprunté beaucoup de mots au latin, parce que le latin est la langue de l’église catholique, la religion officielle de la France. La supériorité culturelle d’un autre pouvoir est favorable à l’emprunt aussi, tout comme des contacts amicaux entre des armées. Le français a emprunté beaucoup de mots à l’italien qui sont en rapport avec l’armée, parce qu’il y avait des liens amicaux entre la France et l’Italie. Au contraire, le contact avec une autre langue pendant une guerre produit peu d’emprunts. C’est que la population s’oppose souvent à l’oppresseur et refuse de parler sa langue. L’influence d’une guerre dépend aussi de la durée: si une guerre est courte, la langue de l’ennemi n’a pas d’influence, mais si une guerre et une occupation durent longtemps, la langue peut subir l’influence de la langue des envahisseurs. Un exemple est la langue des Francs et le latin qui ont eu beaucoup d’influence sur le français. L’influence du français sur la langue anglaise en Angleterre est un autre exemple. Cela devient clair quand on regarde les deux grandes guerres de la 20ième siècle. Surtout dans la deuxième guerre mondiale, l’Allemagne a occupé une grande partie de la France, mais il y a peu d’emprunts allemands datant de cette période. Le français a emprunté 524 mots à l’allemand. De ces mots, seulement huit ont été empruntés pendant la Grande Guerre de 1914-1918. Un ou deux de ces mots sont directement liés à la guerre. Pendant la deuxième guerre mondiale, le français a emprunté treize mots à l’allemand. Environ la moitié de ces mots (six) est directement liée à la guerre.

Ce qui est important aussi est la durée et l’intensité des contacts.

 

 

1.6. Les raisons d’emprunter

 

Il y a des raisons différentes pour emprunter, je donne quelques raisons ci-dessous:

il y a une nouvelle chose

Le mot polder est emprunté au

néerlandais, quand le polder est venu. Le

français n’avait pas un mot pour un

polder, donc on a emprunté le mot néerlandais.

un emprunt est international

Les mots restaurant ou autobus ont été

empruntés au français par beaucoup de

langues.

un emprunt est uniforme

Dans les langues des métiers, on trouve beaucoup d’emprunts, parce que les mots signifient la même chose dans toutes les langues. On trouve par exemple dans la langue des médecins beaucoup d’emprunts latin. Cela veut dire qu’il y a une langue qui est dominante dans ce métier.

un emprunt est utilisé dans un jargon

Un emprunt peut être plus précis. Le mot

néerlandais tube est une sorte de

tuyau dans le jargon des plombiers. Ces

mots sont souvent internationaux. Il y a

une relation avec la raison précédente.

un emprunt a plus de standing que le mot hérité

En néerlandais, une personne qu’on

appelle adviseur (un conseiller), se

nomme souvent un consultant, parce que

le mot anglais a plus de standing.

un emprunt est utilisé comme euphémisme

Le néerlandais a emprunté le mot

français toilet pour plee.Toilet est le mot plus chique.

il y a une petite différence de signification

En néerlandais, une sorte de tomate

italienne est nommée une pomodoro.

Il y a donc une petite différence de

signification. Il est remarquable que

cette différence n’existe pas en

italien: une pomodoro en italien est

une tomate.

un emprunt est plus sommaire

Pour cette raison, le néerlandais a

emprunté beaucoup de mots au

français, par exemple memoriseren

(mémoriser) pour van buiten leren

(mémoriser).

 

On peut diviser ces raisons en deux sortes de causes: la nécessité pratique, ce sont les emprunts nécessaires, et les raisons de cœur, ce sont les emprunts de luxe. Quand il y a un nouveau concept, et on emprunte un mot pour exprimer ce concept, c’est un emprunt nécessaire. C’est par exemple le cas avec le mot abricot. C’était un nouveau fruit, et on avait besoin d’un nom pour ce fruit. On a donc emprunté le nom original, ou le nom donné par les marchands au nouveau produit. Quand il y a déjà un mot dans la langue pour un concept, et on en emprunte un autre, c’est un emprunt de luxe. Le français a emprunté le mot beggen pour former bégayer, mais il est logique de penser que le français avait déjà un mot pour bégayer, parce que ce n’est pas un concept nouveau.

 

 

1.7. Un mot s’adapte

 

Quand on a emprunté un mot, ce mot s’adapte à la langue qui emprunte le mot. Il y a quatre stades d’adaptation (v.d. Sijs, 1996:10-12)

  1. Un mot n’est utilisé que par certains groupes de gens, par exemple des hommes de science. Ce mot n’est utilisé que dans un contexte spécial. On distingue ces mots des mots normaux dans les textes par l’utilisation de l’italique ou des guillemets. L’orthographe des mots n’est pas encore fixe. Au fond, c’est encore un mot étranger. Dans «le Figaro» de seize septembre 2003, il y a quelques exemples: Dans un article qui traite de l’élection du gouverneur de Buenos Aires en Argentine, l’auteur de l’article parle de <jefe de gobierno> pour designer cette élection. Dans un autre article qui traite un procès judiciaire en Maroc, l’auteur utilise le mot <takfiriste>. Il donne la traduction entre parenthèses: Doctrine islamiste radicale invitant ses adeptes à se fondre dans les sociétés <apostates> où ils veulent porter la guerre sainte. (Les deux articles se trouvent à la page 3). On ne sait pas encore si ces mots deviendront des mots français ou pas.

  2. Dans le deuxième stade, il y a plus de groupes de gens qui utilisent le mot. On peut utiliser un adjectif devant ce mot. Le mot est devenu un mot d’emprunt, mais les gens considèrent le mot encore comme un mot étranger (par exemple, boomerang et geyser)

  3. Dans ce stade, un mot s’intègre et s’adapte à la langue. C’est un mot hybride. Un mot hybride est un mot qu’on considère comme français, mais on sait que le mot n’est pas d’origine française. Dans ce stade, il y a beaucoup de mots anglais, comme Internet, mail et dandy. Il y a d’autres mots qui se trouvent dans ce stade, comme pogrom et kangourou.

  4. Dans le dernier stade, un mot est intégré, et on ne le reconnaît plus comme un mot d’emprunt. Le mot est adapté dans tous les domaines. Dans ce stade, il y a beaucoup de mots d’origine néerlandaise, comme boulevard, bière et bouquin. Dans le chapitre 1.8, je décrirai l’adaption d’un mot dans plus de détails.

 

Il n’est pas nécessaire pour un mot de franchir tous les stades. Il est possible qu’un mot reste au stade un ou deux, ou qu’un mot omette un ou deux stades. Cela peut se passer quand un mot ressemble déjà à un mot français.

Quand un mot est encore considéré comme un mot étranger, on l’appelle un pérégrinisme ou un xénisme, et les mots qui sont naturalisés (donc le quatrième stade) sont des emprunts proprement dits. Dans cette mémoire, un emprunt est chaque mot qui est d’origine un mot d’une autre langue, quel que soit le stade d’adaption au français.

 

 

1.8. L’adaption d’un mot

 

Quand un mot entre dans la langue, il s’adapte. D’abord, le substantif reçoit un article. Le plus souvent, le mot reçoit un nouvel article, le genre du mot dans la langue d’origine n’est pas important. Il n’est pas clair pourquoi un mot reçoit un certain article. Les locuteurs d’une langue sont normalement d’accord sur le choix de l’article. Tous les mots d’origine néerlandaise dans mon corpus ont reçu un article et ce ne sont pas les mêmes articles qu’en néerlandais. Bolwerck est un mot neutre en néerlandais, et boulevard est devenu un mot masculin. Bier est un mot neutre en néerlandais, et le mot français, bière est un mot féminin. Ce sont donc deux mots qui avaient le même genre en néerlandais, mais ils ont eu un genre différent en français.

La prononciation change aussi. Il y a trois manières de prononcer un emprunt:

-La prononciation étymologique: on tente approcher la prononciation dans la langue d’origine, mais avec les sons de sa propre langue. L’emprunt goal se prononce en néerlandais donc comme [gool]. Le g est pris de l’anglais et du français, mais s’utilise maintenant en néerlandais, c’est donc le son qui ressemble le plus le son anglais. Le son anglais [oa] n’existe pas en néerlandais, et devient [oo], le son qui le ressemble le plus. Le l reste le même son.

-La prononciation adaptée: on prononce le mot avec les sons de sa propre langue, mais on n’essaie pas approcher des sons étrangers, comme avec la prononciation étymologique. L’emprunt goal se prononce comme [kool] avec cette adaption en néerlandais. Le g ne se prononce pas, mais on utilise un son d’origine néerlandaise qui le ressemble, donc [k]. Le reste de la prononciation est le même qu’au premier exemple.

-La prononciation d’orthographe: Chaque lettre qui est écrite se prononce. Avec cette adaption, goal se prononce comme [chool] en néerlandais. Le g écrit se prononce comme [ch] en néerlandais, le oa comme [oo] et le l comme [l]

Certains facteurs influencent la prononciation qu’on choisit, comme l’origine régionale, le niveau d’éducation, l’analogie avec d’autres mots, la fréquence d’usage d’un mot, la date d’entrée d’un mot, le jargon, la religion, l’âge et le contexte.

Après l’intégration d’un mot, il change comme les autres mots. Quand un mot est intégré, on peut utiliser l’emprunt pour faire des dérivés ou des compositions.

 

 

1.9. Dater un mot

 

Il n’est pas facile à savoir si un mot est un emprunt. La datation d’un emprunt est difficile aussi. Souvent, on regarde des lois phonétiques. Quand il y a un mot qui s’accorde à ces lois, on dit que c’est un mot hérité, mais ce n’est pas toujours vrai. Il y a des emprunts qui sont entrés dans la langue avant que cette loi phonétique soit appliquée. Un exemple: dans le 12ième siècle, il y avait un changement dans la phonétique française. Quand il y avait un s avant une consonne et après une voyelle, le s était supprimée. La voyelle était allongée. Cela se voit maintenant par l’accent dans la voyelle. Quand un mot commence avec un s, ce s est remplacé par un é. (scola  école, hostis hôte). (http://perso.wanadoo.fr/christian.huber/bilinguismebisb.htm). Quelquefois, on peut dater un emprunt avec ces lois, mais la datation d’un mot est toujours par hasard. Il y a beaucoup de mots d’origine néerlandais qui ont subi cette loi phonétique, comme écran (d’origine scherm) et étape (d’origine stapel). Ce sont des emprunts qui suivent des lois phonétiques du français, et on ne peut pas les dater par ces lois. Il y a aussi des emprunts néerlandais qui n’ont pas suivi ces lois, comme stockfisch (devrait être étockfish) ou estompe (devrait être étompe). On peut essayer de dater ces mots par cette loi phonétique. On peut dire que stockfisch est entré dans la langue après cette loi phonétique. Estompe est, selon ce théorie, entré dans la langue pendant cette loi phonétique, mais n’a pas eu le temps de suivre le trajet entier.

C’est qu’un mot peut être entré dans la circulation longtemps avant la première utilisation écrite. Un autre facteur qui complique la reconnaissance et la datation d’un mot est le fait qu’un mot peut avoir disparu dans la langue d’origine. C’est le fait avec le mot néerlandais beggen (bavarder), la source du mot bégayer en français. Beggen n’existe plus en néerlandais moderne.

 

 

2. Le français et le néerlandais

 

2.1. L’histoire du français

 

L’histoire du français commence avec le gaulois. Les Gaulois sont les peuples qui habitaient en France quand les Romains ont envahi le pays qui est maintenant la France. Le gaulois n’a pas eu beaucoup d’influence sur le français. C’est que nous avons peu de restes du gaulois. Les druides ont refusé d’écrire ce qu’ils savaient. En français moderne, il y a encore environ soixante-dix mots gaulois, comme bec, mouton et cloche (Walter, 1988: 36). Dans les noms de villes, il y a beaucoup de traces gauloises, comme Lyon, Nanterre, Carpentras et Verdun. Il y a une partie du pays ou l’influence gauloise a été moindre, c’est La Provence. La Provence a été latinisée bien avant le reste du pays, et avant les Romains étaient là, il y avait des colonies grecques. La période après les Gaulois a été beaucoup plus importante pour le développement du français, c’est l’occupation romaine. Une partie de la population du pays a commencé à parler la langue des oppresseurs, les Romains. Le latin a pénétré dans tous les plans: sur le plan économique, sociale, linguistique, sur la langue des routes, dans les noms de nouvelles villes, dans la structure politique et sociale et dans l’école. Surtout les nobles et les marchands parlaient le latin très vite. En 21 après J.-C., les fils de personnages importants de la Gaule ont envoyé leurs fils à une école romaine. (Walter, 1988: 35). Au 5ième siècle, on ne comprenait plus le latin. Nous le savons parce qu’on a trouvé une sorte de dictionnaire: le Glossaire de Vienne. Dans ce glossaire, il se trouve la traduction en latin de dix-sept noms de lieux ou des mots gaulois. D’autres facteurs qui ont favorisé le latin sont la naissance du christianisme, dont la langue est le latin. L’immigration de main d’œuvre est aussi un facteur important parce que dans ce groupe, la lingua franca est le latin. Quelques siècles plus tard, toute la population de la Gaule parlait donc le latin, mais ce n’était plus le latin de Tacite ou de Cicero.

Après l’occupation des Romains, il y a eu des invasions germaniques. Parmi les peuples qui ont envahis la Gaule, les Francs jouaient le rôle le plus important. Il y avait des contacts entre les Francs et les Gallo-romains déjà avant l’invasion, il y avait des Francs dans l’armée des Romains. Les Romains leur ont donné le droit d’occuper des domaines déserts, donc l’occupation franche n’était pas seulement une opération militaire, mais une opération de toute la population francique.

La Gaule se divisait en trois parties en ce temps: la partie du nord, qui est occupée par les Francs, la partie du sud, qui est occupée par les Wisigoths et une partie à l’est du pays, qui est occupée par les Burgondes. Cette tripartition devient claire dans cette carte (http://www.invino.ca/Oc-Oil.html). Cette division a été très importante pour le développement du français. A cause de la division de la Gaule, le développement de la langue a été différent dans les régions différentes. Dans le nord, on parlait la langue d’oïl (oui était oïl dans ces dialectes). Dans le sud, on parlait la langue d’oc (oui était oc dans ces dialectes) et dans l’est, on parlait des dialectes franco-provençaux. (Walter, 1988: 50). Ce n’était pas le cas qu’il y avait seulement trois langues en Gaule en ce moment, on peut diviser ces langues en beaucoup de dialectes.

Cette tripartition était probablement accomplie à la fin des invasions.

Dans le vocabulaire français, il y a environ 400 mots d’origine germanique. Environ la moitié de ces mots est antérieure à l’invasion. Cela veut dire que ces mots sont entrés dans la langue qui deviendra le français pendant la période que les Gaulois et les Francs ont eu des contacts amicaux pendant l’occupation romaine. Les mots francs se trouvent surtout dans le vocabulaire de la guerre, de la chasse et dans les mots d’usages et coutumes de l’aristocratie.

Dans le chapitre 1.2, j’ai déjà nommé deux exemples de l’influence germanique sur la prononciation française, le w et l’h aspirée. Les langues germaniques ont également influencé les voyelles. En français, la voyelle à la fin d’un mot ne se prononce pas, tandis que dans les autres langues romaines, on prononce la voyelle finale (par exemple, le mot latin tela (toile). En italien, c’est tela, en espagnol tela, en provençal telo en en français toile. Le français est la seule langue qui ne prononce pas la voyelle finale).

Entre autres sous l’influence germanique, le latin qu’on parlait en Gaule changeait. Quand Charlemagne était roi, on découvrait que la langue qu’on parlait n’était plus le latin mais une langue romane. Dans cette période, on écrivait les premiers dictionnaires entre la langue romane et le latin, les glossaires. Le premier monument de la langue française, les Serments de Strasbourg, date de 842. Dans ce document, deux petits-fils de Charlemagne, Louis le Germanique et Charles le Chauve jurent assistance et fidélité contre leur frère Lothaire. C’est un texte en langue romane et en langue germanique. Quelques années plus tôt, dans le concile de Tours, on a décidé que les sermons doivent être dans la langue du peuple, donc on a reconnu que la langue qu’on parlait n’était plus le latin. Depuis ce temps, on peut parler de la langue française. Les mots qui sont empruntés au latin depuis ce temps sont donc des emprunts. Les mots latins qui étaient dans la langue avant cette date ne sont pas des emprunts, mais simplement des mots d’origine française. Le mot loi est venu directement du latin et la langue romane dans le français. L’origine de ce mot est legem. Par des lois phonétiques, le mot est changé en loi. Plus tard, en 1365, le français a emprunté le mot legem au latin, en légal. Ce sont donc les mêmes mots, mais ils sont entrés dans la langue dans une période différente. Le mot loi est donc un mot d’origine française, le mot légal est un emprunt latin.

 

 

2.2 Les relations entre la France et les Pays-Bas

 

Le contact entre la France et les Pays-Bas est surtout situé dans le nord de la France. Il y a des secteurs différents dans lesquels les habitants des deux pays viennent en contact: entre la 11ième et la 13ième siècle surtout sur la mer, pendant la pêche dans la Manche et la mer du Nord et dans le commerce, dans les foires etcetera. Il y avait également des contacts entre des soldats français et des soldats néerlandais, parce qu’il y avait des soldats néerlandais dans l’armée française et parce qu’il y avait une guerre en Flandre. Le contact se trouve surtout dans le nord parce que la frontière linguistique se trouve dans le nord. La région qui est maintenant la Belgique n’a pas une autre langue, donc les deux langues sont des langues voisines.

Dans le 12ième et le début du 13ième siècle, l’ancien néerlandais était une langue importante en France. Les comtes, le clergé, la noblesse et la bourgeoisie utilisaient cette langue pour arranger les affaires les plus importantes (Valkhoff, 1931: 19). Dans la cour, il y avait de l’influence néerlandaise. Dans la cour du comte Arnaud II de Guines et d’Ardres, il y avait deux ménestrels qui parlaient le néerlandais. Il est probable qu’ils avaient un répertoire néerlandais (Valkhoff, 1931: 20).

Dans la période des Normands, il y avait probablement des contacts entre les deux pays. Les Normands avaient occupés la France et les Pays-Bas, donc il est probable qu’il y avait des contacts entre les Normands aux Pays-Bas et les Normands en France. Les Normands se sont mêlés à la population, et ils parlaient la langue de la population, donc il est probable qu’il y avait des contacts entre les deux langues.

Au 11ième siècle, la Flandre et le Brabant étaient surpeuplés, donc il y avait des gens qui émigraient vers le sud, vers la France. Beaucoup de ces émigrants étaient des mercenaires. Dans l’armée française, il y avait des régiments néerlandais.

Du point de vue commercial, les Pays-Bas étaient très importants. Grâce à sa position à coté de la mer, les Pays-Bas sont un pays de transit. Il y avait beaucoup de commerce entre les Pays-Bas et la France. La France a surtout importé du nord des poissons, des draps, des vêtements, des cuirs, du lin, des clous, des ‘gerbes’ de fer, du fromage et du beurre. La France a surtout exporté des vins, du miel, de la laine, du sel, de l’huile, des encens, du bois de teinture, des figues et des épices (Valkhoff, 1931: 22). Nous le savons grâce aux listes d’une poste de péage à Bapaume, entre Lille et Amiens. L’enquête a eu lieu en 1202. La poste de péage a été en place entre 1097 et 1634.

Dès le début du 14ième siècle, cette poste de péage perd de l’influence, parce que la navigation devient plus importante. En Flandre, des portes importantes se développent, comme Bruges et Anvers. Les villes hanséatiques comme Kampen, Zwolle, Deventer et Zutphen jouent un rôle important dans le trafic direct entre la Baltique et la France, qui était dominé par la Hanse. A cause de la hausse de la navigation aux Pays-Bas, des colonies néerlandaises se développaient dans beaucoup de ports, aussi en France, par exemple en Rouen, Dieppe et Bordeaux. Il y a de plus en plus navires hollandais dans les ports français. En 1566, on a compté 171 bateaux hollandais dans le Sont qui venaient directement de la France, deux années plus tard, il y en avait 221, une augmentation de 50 bateaux, presque 30%.

Au 15ième siècle, les ports flamands n’étaient plus que des entrepôts, ils étaient trop passifs, entre autre par la Guerre de cent ans (1337-1453). Le rôle des ports flamands n’était plus important, seulement le port d’Anvers reste un port important. Pendant la guerre de quatre-vingt ans (1568-1648), Anvers a perdu sa prospérité, parce que l’Escaut était fermé. La prospérité se déplace vers le nord. Au 16ième siècle, il y a plus de navires français aux Pays-Bas, surtout des Bretons dans les ports de Zélande.

L’industrie en Flandre est importante, surtout l’industrie drapière. Aux Pays-Bas, la brasserie se développe. La construction navale et l’exportation des produits d’agriculture sont également très importantes.

Henri IV (1553-1610) a utilisé des hydrauliciens néerlandaises pour drainer les marais de Picardie, de Poitou, de Saintonge, du Guyenne, de l’Auvergne et de la Provence. Il y avait donc des ingénieurs néerlandais, mais la main-d’œuvre était également d’origine néerlandaise, parce que les français ont refusé de travailler pour un étranger (Valkhoff, 1931: 30).

Henri IV n’était pas le seul homme d’état de contacter des Néerlandais pour des travaux spécialisés. Richelieu (1585–1642) a utilisé des agents néerlandais pour recruter des ouvriers et des techniciens pour la marine française. Ces ouvriers et ces techniciens étaient également des néerlandais. A cause de ces activités industrielles, il y avait de l’industrie néerlandaise en France. Il n’y avait pas seulement des ouvriers, mais avec ces ouvriers, des banques néerlandaises venaient également en France.

Au 17ième siècle, les Néerlandais ont obtenu un monopole du trafic des vins. En 1663, la plus grande partie de tout le commerce en France se fait par des vaisseaux néerlandais et par les Pays-Bas. A coté de ces vaisseaux néerlandais, il y avait encore quelques bateaux anglais. (Valkhoff, 1931: 31).

Colbert (1619-1683) a essayé d’affaiblir la position forte des Néerlandais. Cette tentative était même la raison pour une guerre avec les Pays-Bas, la guerre de Hollande, en 1672. (http://members.tripod.com/versailles4/id41.htm).

Il a envoyé des ingénieurs français aux Pays-Bas pour examiner l’économie hydraulique, pour être indépendant des ingénieurs néerlandais. Après la révocation de l’Edit de Nantes (l’Edit de Nantes, signé en 1598 a donné la liberté de foi aux protestants) en 1685, beaucoup de protestants néerlandais ont quitté la France. Cela ne veut pas dire que l’influence néerlandaise diminue, parce que leur place est prise par des catholiques néerlandais qui étaient poursuivis aux Pays-Bas. En ce temps, il y avait un cours de néerlandais au collège de Guyenne.

Après la paix d’Utrecht, en 1712, donc 40 ans après la guerre de Hollande, l’influence néerlandaise sur l’industrie reste, mais l’influence politique diminue. Après ce temps, l’influence anglaise est plus grande. Les colonies hollandaises se mélangent avec les français. Les néerlandais parlent plus le français qu’avant, donc l’influence linguistique diminue.

Que les néerlandais gardent une influence industrielle devient claire au 19ième siècle, quand on voit encore des industries néerlandaises en France, par exemple des diamantaires.

 

 

2.3. L’intensité des contacts

 

Il est difficile d’indiquer l’intensité des contacts. Il y a des facteurs différents qui sont importants. Quand on regarde les stades dans le chapitre 1.2, le contact entre le français et le néerlandais a été fréquent, parce que le français a emprunté un affixe au néerlandais. C’est l’affixe –quin. Le français a non seulement emprunté des mots pour des choses nouvelles, comme des bateaux (flûte), mais aussi quelques mots du vocabulaire de base, comme drôle. Le français a un lexique d’environ 60000 mots. 8600 de ces mots sont des emprunts, c’est donc 14% (www.cfaee.fr/cfaee/ctcjeunes12-2.pdf). Le français n’a pas emprunté beaucoup de mots au néerlandais, environ 208, cela veut dire environ 0,3 % du vocabulaire du français. Il y a des langues qui ont eu beaucoup plus d’influence sur le vocabulaire français, comme l’anglais (2451 mots, 4 %), le latin (10590 mots, 17 %), le grec (3785 mots, 6,3 %) ou l’italien (1153 mots, 2 %). De ces langues, le latin a une position spéciale, parce que le latin est le précurseur du français. Beaucoup de ces 10590 mots étaient déjà dans le français au début. Quand on regarde la quantité des mots empruntés, on dirait que le contact entre le néerlandais et le français n’a pas été intensif. Mais quand on regarde les secteurs de mots, on peut dire que le contact a été intensif. Le français a emprunté au néerlandais de mots du vocabulaire de base, comme blague, cancrelat et bégayer. Ce sont des mots pour des choses de tous les jours, des choses (ou des actions) qu’on trouve dans toutes les sociétés. Le fait que le français a emprunté ces mots au néerlandais veut dire que le contact a été fréquent. Un autre signe du contact fréquent est que le français a emprunté un affixe au néerlandais: -quin. Le suffixe est le suffixe néerlandais –kijn, ce qui est un diminutif. Un man est un homme, un mannekijn est un petit homme. En français, ce suffixe se trouve après des emprunts néerlandais, comme mannequin et bouquin, mais aussi après des mots non néerlandais, comme vilebrequin. Le suffixe est entré en français dans les emprunts, et après, les locuteurs français ont découvert que c’était un affixe, et ils ont appliqué cet affixe à d’autres mots, comme je l’ai expliqué dans le chapitre 1.3.

 

 

2.4. Les mots d’origine néerlandaise

 

Les premiers mots ont été empruntés au 12ième siècle, les derniers en 1952. On peut voir dans la figure qu’il y a une période dans laquelle on a emprunté beaucoup, c’est en 1601-1700. Dans la période 1501-1600, on a emprunté peu de mots, et depuis 1801 on n’a plus emprunté beaucoup de mots. Ces chiffres sont logiques. Dans le chapitre 2.2, il est devenu clair que les Néerlandais ont eu beaucoup d’influence, surtout au 17ième siècle, quand les Néerlandais avaient un monopole de presque toute la commerce. C’est dans cette période qu’on a emprunté le plus de mots. Après cette période, l’influence linguistique diminue, les colonies néerlandaises parlent de plus en plus le français. On peut voir cette tendance dans la figure. Après le 17ième siècle, le nombre d’emprunts diminue et au 19ième siècle, il y a moins d’emprunts que dans tous les siècles antérieurs.

 

Figure 1. Periode des emprunts.

 

La plupart des mots empruntés sont des noms: 164 des 208 mots sont des noms, comme matelot, boulevard et houlette, c´est 78,8%. 15,4% des mots sont des verbes, comme rager, bégayer et gribouiller. 4,8% sont des adjectifs (drôle, taquin), et il y a une interjection (ploc) et un adverbe locatif (vrac), c´est environ 0,5 %. Quand on regarde le secteur des emprunts, on voit qu’il y a beaucoup de mots dans le secteur navigation, comme flûte, bastaque et livarde. Dans ce secteur se trouvent également tous les noms de poissons, comme flétan et elbot. Le secteur de métier est grand aussi. Ce sont des mots comme action, cliver et pompe. C’est logique, parce que les néerlandais avaient beaucoup d’influence sur l’industrie, comme c’est décrit au chapitre 2.2. L’influence maritime était aussi très grande, parce que presque tous les exportations et importations étaient sous l’influence des Néerlandais. En grande partie, ces exportations sont transportées par la mer, dans des bateaux néerlandais.

 

Figure 2. Secteur des emprunts.

 

Après ces deux secteurs, le secteur autre est le plus grand. Ce sont des mots qui sont difficile à placer dans des secteurs différents, ou des secteurs qui se trouvent seulement un fois, comme le transport (coche) et la chimie (potasse). D’autres mots qui sont dans ce secteur sont blague, frelater et chatouiller. Un autre secteur grand est tous les jours. Ce sont des mots pour des choses normales. C’est logique de penser que toutes les langues ont des mots pour ces choses, mais quelquefois, des emprunts prennent la place des mots hérités. C’est un signe de l’intensité des contacts. Quand on emprunte des mots de tous les jours, le contact a été intensif. Quelques mots de tous les jours que le français a emprunté au néerlandais sont amarrer, bouquin et drôle. Les mots du secteur agriculture sont par exemple friche et vase. Les mots d’amusement sont cabaret et bastringue. Les mots de boissons que le français a emprunté au néerlandais sont surtout des boissons alcooliques, comme bière, brandevin et halbi. Dans le secteur du botanique, les mots d’origine néerlandaise sont par exemple palissandre et pamplemousse. L’influence dans ce secteur peut être expliquée par la dominance hollandaise à la mer. Les navigateurs hollandais naviguaient aux pays inconnus, et rentraient avec des plantes et animaux inconnus, qu’ils donnaient un nom. Les autres langues empruntaient ce nom. Il en est le même avec le secteur zoologie. Des animaux comme lingue et loris viennent des pays lointain. Le français a également emprunté beaucoup de mots pour des vermines, comme mite et cancrelat. C’est peut-être parce que ces animaux se trouvent beaucoup dans des bateaux.

Les caractéristiques sont des mots pour nommer des choses anormales des êtres humaines, comme bégayer et lippe. Ce sont souvent également des mots de tous les jours. Les mots de construction sont drève, berme et risberme. Ce sont donc des termes pour la construction des routes. Les mots pour l’économie hydraulique sont par exemple polder, digue et rigole. Dans le secteur militaire, le français a emprunté par exemple blocus, boulevard et halecret. Quelques mots ont changé de signification, comme boulevard, qui est dans le sens actuel peut-être mieux placé dans le secteur construction que dans le secteur militaire.

Le dernier secteur à traiter est le secteur de la nourriture. Dans ce secteur se trouve la nourriture typiquement néerlandaise, comme spéculoos, à côté d’autres mots, comme couque. Il est logique de penser que beaucoup de ce mots ont été amenés par des immigrants néerlandais en France, par exemple par les habitants des colonies néerlandais en France (voir la chapitre 2.2) ou par des marins néerlandais.

De tous les 208 mots, 81 ont subi un changement de sens, c’est donc presque 39 %. La plupart des mots ont donc toujours la même signification qu’ils avaient au néerlandais. Cette signification est parfois restée la même pendant 700 ou 800 ans. Par exemple le mot polder a encore la même signification, et la première fois que ce mot est trouvé est en 1269. Il en est le même avec le mot botte, qui se trouve déjà en 1175. Je parlerai plus des changements des sens dans le chapitre suivant.

 

 

3. Les changements dans la signification des mots

 

3.1. La théorie de Michel Bréal

 

Il y a environ un siècle que l’essai de sémantique de Michel Bréal a paru. Dans ce livre, il décrit entre autres comment les significations des mots changent au cours du temps.

Selon lui, il y a dans la linguistique des lois différentes. Une loi n’est pas une chose fixe, ce n’est pas quelque chose qu’on décrit avant le phénomène a lieu, mais c’est le rapport constant qui se laisse découvrir dans une série de phénomènes (Bréal, 1925: 9).

Il y a une loi de spécialité. Cette loi veut dire que dans toutes les langues, il y a une tendance à la direction de mots séparés. Une langue avec beaucoup de cas n’utilisera plus de prépositions que sont nécessaire. C'est-à-dire, quand une langue peut exprimer des choses avec deux mots simples, ou un mot compliqué (par exemple avec un cas), une langue choisit l’option avec deux mots. L’autre option ne s’utilise plus. Un exemple: en latin, le locatif a disparu, et on a utilisé des prépositions pour cette fonction.

Une autre loi est la loi de répartitions. Cette loi dit qu’il n’y a pas deux mots avec des significations qui sont exactement les mêmes. Les synonymes n’existent donc pas. S’il y a deux mots avec la même signification, l’un des mots disparaîtra ou les significations changeront. Cela devient clair dans les dialectes. Quand un mot de la langue officielle entre dans un dialecte, le mot dialectal change souvent de signification. En savoyard, les mots pour père et mère étaient pâré et mâré. Après l’introduction de père et mère, les mots dialectaux ne s’utilisent que pour des pères et des mères des animaux.

La troisième loi qui est traitée par Bréal est la survivance des flexions. Quand une flexion ou une déclinaison disparaît, il en reste une trace dans la langue. Le génitif a disparu en français, mais en quelques expressions, il reste encore une trace du génitif, comme en l’hôtel-dieu. En français moderne, cette expression doit être l’hôtel de Dieu, mais à cause de la suppression du de, il devient clair qu’il y avait un génitif.

La loi suivante est que la langue demande l’analogie. En ancien grec, il y avait deux formes de l’aoriste, dans une des deux formes il se trouve la plupart des mots, parce que la langue ne veut pas qu’il y ait deux catégories pour la même fonction, donc dans l’autre catégorie, il n’y a pas de nouveaux mots.

Quand on applique ces lois, il y a quelques changements de sens.

 

  1. L’affaiblissement. C’est une tendance à déguiser des idées fâcheuses. Cela a beaucoup à voir avec un euphémisme. Les mots sont affaiblis pour ne pas choquer. Quand quelqu’un ne dit pas la vérité, on ne dit pas qu’il ment, mais qu’il a une grande imagination. Cette expression a donc changé de sens, pour affaiblir ce qu’on dit. On veut donc affaiblir la signification en utilisant un mot qui est moins grave.

  2. Le renforcement. Cette tendance est le contraire de la dernière. En moyen haut allemand, le mot Minne signifiait les affections de l’âme en façon générale. Plus tard, le mot est défendu parce que ce n’était immoral de dire ce mot, c’était contre les mœurs. La signification du mot a changé d’un mot général à un mot pour des choses immoral.

  3. Le nivellement. En allemand, le mot Herr était un titre, seulement pour les nobles. Maintenant, le mot s’utilise comme monsieur en français. Donc, il n’y a plus de différence de classe, et d’abord, cette différence était présente. Les termes qui d’abord étaient utilisés pour les choses cérémoniales et la cour sont maintenant appliqués en toute la société.

  4. La restriction du sens. Le sens d’un mot est restreint, quand il est trop large. On réduit le sens constamment, par le contexte etcetera, mais souvent, cela ne suffit pas. Il y a des termes généraux qui deviennent des termes spécialisés. Par exemple le mot species, qui signifiait l’espèce très généralement. Les droguistes l’ont utilisé pour désigner des ingrédients, et maintenant, nous connaissons le mot comme épices. Ce terme général est donc devenu un terme spécialisé.

  5. L’élargissement du sens. Cette tendance est un mouvement en direction contraire de la dernière. La raison pour la restriction du sens est une raison intérieure, une raison de la langue. La raison pour l’élargissement du sens est une raison extérieure, c’est un résultat des événements de l’histoire. Un terme qui d’abord était restreint, un terme spécialisé devient un terme général. Un exemple de l’élargissement des sens est le mot espace. En latin, le mot spatium signifiait la carrière où courent les chars. C’est donc un mot spécialisé. Ce mot a plus tard eu la signification de l’espace. L’élargissement du sens se passe surtout dans les verbes. Quand on a utilisé un verbe un fois pour désigner quelque chose plus grand, il est facile de le faire une fois de plus. Par exemple, la signification du mot gagner était d’abord seulement obtenir la récolte agricultrice, mais plus tard c’est devenu tout ce qu’on obtient, même sans travailler.

  6. La métaphore. Ici, un mot est utilisé pour quelque chose d’autre. Il y a quelques caractéristiques qui correspondent, mais pas toutes les caractéristiques. Un exemple est le mot chef, qui vient du latin caput (tête) qui signifie maintenant directeur.

  7. L’épaississement. Un mot abstrait devient un nom d’un objet. Une ouverture était d’abord quelque chose d’abstrait. Maintenant, c’est quelque chose de concret dans la musique. C’est possible que le mot perde sa signification abstraite, mais il est également possible que le mot garde cette signification.

 

Quand le sens d’un mot change, il est possible qu’un mot a deux significations. C’est la polysémie. Un acte est utilisé dans le théâtre et dans la vie judiciaire. Dans les deux contextes, il a une signification différente. Quelquefois, il est clair que ce sont en fait deux mots, parce qu’ils se comporte différemment. En allemand, il y a un mot roth (rouge). Quand on utilise ce mot pour la couleur, le comparatif est röther, mais quand on l’utilise pour la couleur politique, on utilise le comparatif rother.

 

 

3.2. Les changements de sens dans les mots d’origine néerlandaise

 

Dans ce chapitre, je vais traiter les mots d’origine néerlandaise qui ont subi un changement de sens. Comme je l’ai dit dans le chapitre 2.4, environ 40%, 81, ont subi un changement de sens. Je vais les classer selon le système de Bréal (1925).

Les dates de la première apparence sont tirées du Grand Robert (2001) et de la Grande Larousse de la Langue française (1971). Quand les deux dictionnaires n’étaient pas d’accord sur la date, j’ai pris la date de la Larousse. Les sources sont également tirées de la Larousse (1971). La plupart des descriptions des changements de sens sont tirées du Robert, Dictionnaire historique de la langue française (1992). Les significations modernes sont tirées de la version électronique du Grand Robert de 1997. Quand je dis que le mot est décrit par Godefroy, cela veut dire que Godefroy a traité ce mot dans son Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du 9ième au 15ième siècle de 1881-1902.

Quand je donne des dates, par exemples des dates de la première apparence, ou de changements de sens, ce sont des dates imprécises. On ne peut pas savoir quand un mot est utilisé pour la première fois, ou quand la signification a changé. Les dates sont souvent des dates de la première fois qu’un mot ou une signification est décrit, ou trouvé à l’écrit.

J’ai noté s’il y a des dérivés d’un mot d’origine néerlandaise, parce que quand il y a des dérivés d’un mot, cela dit quelque chose de l’adaption d’un mot. Quand un mot peut former des dérivés, un mot est adapté à la langue.

J’ai divisé les mots selon les catégories de Bréal, que j’ai traité dans le chapitre 3.1. J’ai ajouté une catégorie, quand un mot concret devient un mot abstrait. C’est l’inverse d’un épaississement. Dans la neuvième catégorie, inconnu, sont des mots qui ne conviennent pas aux autres catégories, ou quand il n’y a pas un changement de sens logique. La dernière catégorie est faite pour les mots qui ont subi plusieurs changements de sens. Ces mots sont indiqués en bas des catégories dans lesquelles ils correspondent.

 

  1. l’affaiblissement du sens

 

Grommeler. Le mot date du 12ième siècle. Barbier nomme le mot dans son Miscellanea lexicographica de 1927-1950. Le mot source pour grommeler est grommen, ce qui signifie ‘gronder’. Le développement du mot est influencé par d’autres mots, comme grogner et gronder. Le sens actuelest ‘murmurer, exprimer du mécontentement, des protestations de manière indistincte, en parlant entre ses dents.’ Il y avait un affaiblissement du sens. Grommen en néerlandais est beaucoup plus négatif que grommeler en français. Il y a un dérivé: grommellement.

 

Gueux. Le mot date de 1452. On peut le trouver dans un livre de Barbier, son Miscellanea lexicographica de 1927-1950. Le mot source est guit, ce qui signifiait ‘fripon’. Au milieu du 15ième siècle, le mot signifiait ‘coquin’ et dès le 15ième siècle, la féminine du mot (gueuze) signifiait ‘femme de mauvaise vie’. En 1458, on trouve également la signification de ‘mendiant’. Au sens élargi, on peut trouver ‘personne pauvre’ (1545). Le mot est plus tard utilisé figurément: ‘pauvre, une variété de dentelle’ (1669), ‘étoffe sans valeur’ (1723). En 1851, on a trouvé la signification de ‘pot de grés dans lequel on plaçait des braises’. Maintenant, le Grand Robert donne comme signification: ‘personne qui vit d'aumônes, est réduit à mendier pour vivre’. Le sens du mot est affaibli. En néerlandais, un guit était quelqu’un qui est malice, tandis qu’en français, il est seulement pauvre. Il y a quelques dérivés: Gueusaille, gueusard, gueusement, gueuser et gueuserie.

 

Il y a un autre mot qui a subi un affaiblissement du sens: taquin. Comme taquin a également subi un renforcement de sens, ce mot ce trouve dans la catégorie dix, plusieurs changements.

 

  1. Le renforcement du sens

 

Il y a deux renforcements du sens, dans maquereau et taquin, mais dans ces mots, il y a plusieurs changements du sens, donc ils sont décrit dans la catégorie dix, plusieurs changements.

 

  1. Le nivellement du sens

 

Il n’y a pas de nivellements du sens dans le corpus.

 

  1. La restriction du sens

 

Amarrer. Le mot date du 13ième siècle. On le trouve pour la première fois dans les Rôles d’Oleron. Le mot source pour ce mot est aanmaren, ce qui signifiait ‘lier, attacher’. Maintenant, la signification est ‘attacher, retenir (un bateau) avec une amarre’. Les marins hollandais ont amené ce mot en France. Le mot est toujours employé pour indiquer des actions qui ont à voir avec la marine. D’abord, amarrer signifiait ‘retenir (un bateau) immobile en l’attachant à un pont fixé’. Puis, au 15ième siècle, le mot signifiait ‘attacher quelque chose à bord d’un navire’. Depuis ce temps, il y a donc eu une restriction de sens. Le sens général ‘lier, attacher’ du néerlandais est devenu un sens spécifiquement maritime. Il y a des dérivés d’amarrer en français: amarre, amarrage, démarrer etcetera.

 

Aurique. Le mot date de 1788. La source pour ce mot est le mot oorig, ce qui signifie ‘en forme d’une oreille’. Maintenant, la signification est ‘voile qui a la forme d'un quadrilatère irrégulier et qui est fixée à un étai, à une draille ou une corne’. Le sens du mot est donc restreint à une forme qui se rapporte seulement à la forme des voiles.

 

Blague. Le mot date de 1721.Blague se trouve pour la première fois dans le Dictionnaire de chimie contenant la théorie et la pratique de cette science, son application à l’histoire naturelle et aux arts de Cadet de Gassicourt, écrit en 1803. Ce mot vient du mot néerlandais balg, ce qui signifie ‘enveloppe’. Quand on a emprunté le mot, la signification était ‘petit sac, tabac’. En 1809, on a ajouté la signification de ‘plaisanterie’, par la notion de ‘gonflé, boursouflé. Maintenant, blague signifie ‘petit sac, enveloppe servant à contenir du tabac (souple, à la différence de la tabatière)’. Il y a eu une restriction du sens du sens général de ‘sac’ en néerlandais à la signification restreint au tabac en français. Il y a des dérivés du mot: sans blague (1870), blaguer, blagueur, blagologie et blagomachie.

 

Blocus. Ce mot se trouve pour la première fois dans les Régestres de Liège, le mot date de 1376. Le mot source est blokhuis, ce qui signifie ‘blockhaus, maison de charpente’. Cette signification a été vivante au nord de la France aux 14ième et 15ième siècles. Après, en 1547, blocus signifiait barrage. Cette signification a resté jusqu’à aujourd’hui. Blocus signifie maintenant également ‘fortin empêchant les secours de parvenir à une place assiégée ou investissement d'une ville ou d'un port, d'un littoral, d'un pays entier, pour l'isoler, couper toutes ses communications avec l'extérieur.’ La signification est donc restreinte. D’une maison (de charpente), la signification est devenue un bâtiment pour la défense.

 

Bôme. Le mot date de 1793. Le mot est décrit pour la première fois dans l’Encyclopédie méthodique, de 1782-1832. La source pour ce mot est le mot boom, ce qui signifiait ‘mât’ dans la langue marine. Le sens actuelest ‘grand espar horizontal sur lequel sont enverguées les voiles auriques et triangulaires’. Il y a eu une restriction du sens. En néerlandais, le mot boom indiquait un mât en général, en français, l’utilisation du mot s’est spécialisée. Il y a un dérivé: bômer.

 

Brocanter. On a trouvé a broke (‘en détail’) en 1377 dans Chartres confisquées aux bonnes villes du Pays de Liège après la bataille d’Othée Le mot source pour brocanter est le mot néerlandais broc, ce qui signifie ‘morceau, fragment’. Il est possible que le suffixe –anter est ajouté sous influence de marchand. Le sens actuel est ‘vendre en détail. Le sens est restreint. En néerlandais, la signification n’était que ‘en détail’, mais maintenant, le mot est seulement utilisé dans la signification de ‘vendre en détail’. Les dérivés de brocanter sont brocanteur, brocanterie et brocantage.

 

Cabaret. Le mot date du fin 13ième siècle. Le mot source est cabret, ce qui signifiait ‘café’. Aux 13ième et 14ième siècles, le mot est seulement utilisé en picard et en wallon. Aux siècles suivantes, du 15ième au 17ième siècle, la signification était ‘lieu où l’on se réunit pour boire et jouer plutôt de manger’. Par l’introduction de café, son usage est limité. Le mot a eu le sens actuel au 19ième siècle: ‘établissement où l'on présente un spectacle satirique, musical, etc., et où les clients peuvent consommer des boissons, souper, danser’. Il y a eu une restriction du sens. D’abord, un cabaret était un café, ou on pouvait boire, danser etc. Maintenant, un cabaret n’est qu’une place pour présenter quelque chose. Il y a un dérivé: cabaretier.

 

Coche. On trouve le mot pour la première fois dans une texte de Charrière: négociations de la France dans le Levant (1848-1860). Le mot est plus vieux, il date de 1545. Ce mot vient du mot cogge, ce qui est une sorte de bateau. Le sens a un peu changé, parce que maintenant la signification est ‘grand chaland de rivière, halé par des chevaux, et qui servait au transport des voyageurs.’ Il y a eu une restriction du sens. La sorte de bateau est plus spécifiée qu’en néerlandais.

 

Dégringoler. Ce mot date de 1677. On le trouve pour la première fois dans un livre de Dassoucy, les avantures de M. d’Assouscy de 1677. Le mot source pour dégringoler est le mot néerlandais kringhelen, ce qui signifie ‘faire des courbes’. Le sens s’est concentré sur la chute. Maintenant, dégringoler signifie ‘chute par bonds successif, au lieu d’en ligne directe. Il y a donc eu une restriction du sens. De la signification général ‘faire des courbes’, la signification s’est restreint à seulement tomber en courbes. Il y a un dérivé de dégringoler: dégringolade.

 

Drome. Drome date de 1773. On trouve le mot pour la première fois dan le Manuel des marins, ou dictionnaire des termes de marine de Villehuet de 1773. Le mot source de drome est le mot néerlandais drom, ce qui signifiait ‘assemblage de charpente’. Maintenant, drome signifie ‘ensemble de diverses pièces de rechange (avirons, mâts, vergues...) disposées sur le pont d'un navire’. Il y a eu une restriction du sens. En néerlandais, le mot se rapporte à toutes les sortes de cordage, tandis qu’en français, le mot se rapporte seulement dans le plan de la marine.

 

Estoquer. Le mot date de 1170. Le mot source est le mot néerlandais stoken. Ce mot signifiait ‘blesser avec un objet pointu’. Le mot est déjà très vieux. Estoquer est lié à l’estoc, ce qui signifiait ‘le point de l’épée’ (15ième au 17ième siècle). C’était un emprunt de sens à l’ancien provençal estoc, ce qui signifiait ‘épée longue et droite’. Estoquer ne s’emploie plus depuis le 17ième siècle au sens de ‘frapper d’estoc’. Dans la course de taureaux, le terme estoquer est repris, pour ‘tuer le taureau’. Le sens actuel est ‘frapper de la pointe, frapper d'estoc, porter l'estocade à un taureau’. Surtout la dernière signification s’utilise toujours. Il y a eu une restriction du sens. En néerlandais, stoken signifiait ‘blesser avec un objet pointu’ en général, en français l’objet pointu est précisé (l’estoc), ou ce qu’on blesse est précisé (le taureau).

 

Etarquer. Le mot date de 1773. Bourdé de Villehuet était le premier écrivain à utiliser ce mot, dans son Manuel des marins, ou dictionnaire des termes de marine de 1773. Le mot source pour étarquer est sterken, ce qui signifiait ‘fixer’. Maintenant, étarquer signifie ‘hisser et tendre le plus possible’. Il y a eu une restriction du sens, d’un mot général à un terme de marine. Il y a un dérivé: étarque.

 

Frelater. Le mot date de 1513. On le trouve pour la première fois dans un livre de G. Cretin, ses Œuvres poétiques de 1525. Le mot source pour frelater est le mot verlaten, ce qui signifie ‘abandonner’. D’abord, on utiliserait le mot pour ‘transvaser (du vin)’. Plus tard, la signification a changé en ‘altérer la pureté d’une substance en y mêlant une substance étrangère’ (1660). Cette signification est encore le sens de frelater. Il y avait une restriction du sens. Il y a quelques dérivés: frelatage, frelaté, frelaterie et frelateur.

 

Friche. Dans le Alt Französisches Wörterbuch de Tobler-Lommatzsch de 1925, ce mot est daté en 1251. Le mot d’origine est versch, ce qui signifie ‘frais’. On l’a emprunté dans une expression: versch land, ce qui signifiait ‘terre qu’on a gagné du mer’. En rhenais, on utiliserait le mot pour ‘terre nouvellement défrichée. Déjà très tôt (en 1270) la signification était ‘terre qu’on laisse reposer’. Depuis ce temps, la signification n’a pratiquement pas changé. Le Grand Robert donne comme signification: ‘se dit d'un sol momentanément ou durablement inculte’. Il y a donc une restriction du sens. Le mot versch en néerlandais peut s’utiliser pour toutes les choses, mais en français, on peut utiliser friche seulement pour la terre. Il y a quelques dérivés: défricher, défrichage, défrichement, défricheur et indéfrichable.

 

Gribouiller. Le mot date de 1611. On peut le trouver dans a dictionnaire of the French and English tongues de Cotgrave, qui date également de 1611. Le mot source pour gribouiller est kriebelen, ce qui signifie ‘chatouiller’. Il est possible que le mot fût connu en français avant 1611. Dans l’œuvre de Rabelais, un diable est nommé Gribouillis. En 1611, on trouve ce mot avec la signification de ‘gargouiller (des intestins)’. Un peu avant 1700, la signification a changé en ‘écrire, peindre d’une manière confuse’. Le sens actuelest ‘faire des gribouillages, et faire un mauvais dessin, une mauvaise peinture (péjoratif), écrire, dessiner (quelque chose) de manière confuse, couvrir (un support) de gribouillages’. Il y a une restriction du sens. Le mot néerlandais kriebelen est un mot général, tandis qu’en français, la signification s’est concentré sur l’écrit. Il y a quelques dérivés: gribouille, gribouillette, gribouillage et gribouilleur.

 

Hère. Le mot date de 1750. On peut trouver le mot pour la première fois dans l’œuvre de Buffon (1732-1788). La source pour ce mot est le mot hert, ce qui signifie ‘cerf’. Le sens actuelest ‘jeune cerf de plus de six mois qui n'est pas encore daguet’. Il y a une restriction de sens. La signification du mot hert en néerlandais est beaucoup plus étendue qu’en français.

 

Livarde. Le mot date de 1752. On peut trouver le mot dans le dictionnaire universel françois et latin de Trévoux, de 1704. Le mot source est lijwaarts, ce qui signifie ‘sous le vent’. Le sens actuelest ‘espar, longue perche qui sert à tendre une voile aurique sous le vent’. Il y a eu une restriction du sens. Le mot généralavec la signification de ‘sous le vent’ est utilisé à indiquer quelque chose qui est sous le vent. Le changement est également un peu un épaississement: le mot abstrait néerlandais lijwaarts est devenu un mot concret en français.

 

Mannequin. Le mot date du 1467. On peut trouver le mot dans la notice des émaux, bijoux et objets divers exposés dans les galéries du musée du Louvre 1853, écrit par Laborde. Le mot source pour mannequin est le mot manneken, ce qui signifie ‘petit homme’. Vers 1475, la signification en français était la même qu’en néerlandais. Cette signification a maintenant disparu. Le sens a changé en ‘figure humaine’. Dans le 15ième et le 16ième siècle, la signification était‘une figure (de bois, de cire)’. Dans le 16ième siècle, on connaissait également la signification ‘figures sculptées d’hommes et d’animaux. Depuis 1614, on connaît la signification actuelle, d’un modèle dans une vitrine. Une autre signification, depuis 1776 est ‘personne sans caractère que l’on peut mener à son gré’. Depuis 1814, des mannequins pouvaient être des modèles humaines. Le Grand Robert donne comme sens actuel ‘statue articulée imitant le corps humain (ou un corps d'animal), à laquelle on peut donner diverses attitudes, et servant de modèle aux peintres, sculpteurs ou homme sur qui on essayait les vêtements lors de la fabrication’. D’abord, il y avait un élargissement de sens, de la signification ‘petit homme’ en néerlandais à ‘modèle humaine ou animal’ en français. Plus tard, il y a eu une restriction du sens, parce que le ‘modèle humaine’ s’applique maintenant seulement à la mode et les arts. Il y a quelques dérivés: mannequinage, mannequiner et mannequineur.

 

Radoter. Le mot date du fin 12ième siècle. On peut le trouver dans le Roman d’Alexander, qui date du quatrième part du 12ième siècle. Le mot source pour radoter est doten, ce qui signifiait ‘se tromper’. Quand on a emprunté le mot, la signification était ‘tenir des propos décousus dénotant un affaiblissement d’esprit’. Plus tard, la signification s’est affaiblie. En 1690, on connaissait le mot avec la signification de ‘se répéter sans cesse de façon fastidieuse’. Depuis ce temps, la signification n’a pas beaucoup changé. Maintenant, la signification de radoter est ‘tenir des propos décousus, des discours dénués de sens, répéter sans nécessité les mêmes choses, se répéter en parlant’. Ce changement est une restriction du sens. Il y a quelques dérivés: radoteur, radoterie, radotage et radotant.

 

Riper. Godefroy date ce mot en 1328. Le mot source est rippen, ce qui signifiait ‘bouger quelque chose’. Au 14ième siècle, on connaissait la signification de ‘gratter, étriller’. Au 17ième siècle, le mot est de plus en plus utilisé dans la langue technique. En 1690, on connaissait la signification de ‘gratter, polir (la pierre) avec l’outil nommé ripe’. Plus tard, le mot est utilisé pour ‘faire glisser (un fardeau) sur ses supports’ (1752) Maintenant, la signification est ‘gratter, polir avec la ripe, faire glisser (un fardeau) sur des supports (préparés au moyen de la pince à riper), se dit de cordages, de pièces de bois qui glissent l'un contre l'autre par suite d'un effort qui s'exerce sur eux’. Il y a eu une restriction du sens. En néerlandais, le mot signifiait ‘bouger’ en général, mais en français, la signification s’est restreinte. Il y a quelques dérivés: ripe, ripage, ripement, ripeur et ripable.

 

Il y a deux autres mots qui ont subi une restriction du sens, étape et plaquer, mais parce qu’ils ont subi quelques changements de sens, ils sont décrit dans la catégorie dix, plusieurs changements.

 

  1. L’élargissement du sens

 

Bague. Le mot bague se trouve pour la première fois en 1360, dans un livre de Froissart. Le mot néerlandais qui est la source pour ce mot est bagge, ce qui signifiait un ‘anneau précieux’. Après que le mot est emprunté, bague est utilisé pour ‘toutes sortes de précieux’, mais cet usage a disparu vers 1450. Il reste seulement une trace dans la langue judiciaire. Les ‘bijoux d’une femme, qu’elle a le droit de reprendre après la mort de son mari’ sont une bague. Après la disparition de cette signification, le mot signifiait ‘anneau qu’on passe au doigt, également (en marine), un anneau en fer ou bois, un cordage (1416) ou un bague de cigare’. Maintenant, le mot signifie ‘un anneau’. Le sens est donc élargi. D’abord, une bagge n’était qu’un ‘anneau précieux’, mais maintenant, tous les anneaux sont des bagues. Il y a des dérivés de bague: baguer, baguage, baguier et dans l’argot bargouse.

 

Bélier. Godefroy a daté ce mot en 1412. Le mot source de ce mot est belhamel, ce qui signifie ‘mouton à clochette’. Le sens actuel du mot est un peu changé. Le mot signifie maintenant ‘mâle non châtré de la brebis’. Le mot est utilisé également dans l’astronomie, pour une constellation. D’abord, le mot était un nom de personne, après, le nom se liait à l’animal. La signification de ce mot s’est élargie. Les dérivés sont béliner, et bélinage.

 

Brader. Le mot date de 1440. Le mot source est le mot néerlandais braden, ce qui signifie ‘rôtir,’. Un autre mot qui a peut-être eu de l’influence est le mot brader ce qui signifie quelqu’un qui a une gargote. De ‘rôtir’, le sens est devenu ‘gâter (par le feu)’ ou ‘gâter (en général)’. La signification qui suit est ‘ne pas tirer d’une chose tout le parti possible, ou vendre a vil prix’. Ces significations sont surtout utilisées en liégeois, en rouchi et en picard. Par extension, brader signifiait également ‘se débarrasser d’une marchandise à n’importe quel prix, se débarrasser de quelque chose’. Ces significations sont des significations actuelles. Le sens s’est donc élargi. Il y a des dérivés: bradeur, braderie et bradage.

 

Godet. Le mot est nommé dans Godefroy. Il date ce mot du 13ième siècle. Le mot source pour godet est kodde, ce qui signifiait ‘une pièce de bois en forme de cylindre’. Par analogie de forme, la signification est devenue ‘retit récipient sans pied ni anse’. Plus tard, le mot a eu sa signification actuelle: ‘petit récipient sans pied où l'on délaie de l'encre, des couleurs, où tombe l'huile d'un quinquet, d'un coussinet de graissage, où l'on recueille la résine, le latex, où l'on repique de jeunes plants, etc’. Il y a un élargissement du sens. D’abord, en néerlandais, une kodde n’était qu’une ‘pièce de bois’, plus tard, en français, il est devenu plus: quelque chose qu’a la même forme. Il y a des dérivés: godenot, godron et godronner.

 

Raban. Le mot date de 1573. La première apparence en écrit est dans le Dictionnaire françois latin de 1573 de Du Puys. Le mot source est rabant, ce qui signifiait ‘fixation de l’anneau au tolet’. Dans la langue du marine, la signification était: ‘petit cordage de vergue ou de filet’. Plus tard, la signification est changé en ‘la corde retenant un filet dormant’ (1812). Maintenant, le Grand Robert donne comme signification ‘tresse ou sangle servant à amarrer, à fixer’. La signification est élargie. D’abord, le mot néerlandais rabant était un mot avec une signification très limitée. En français, cette signification s’est un peu élargie, et utilisée pour d’autres fixations que seulement la ‘fixation de l’anneau au tolet’, comme en néerlandais. Il y a deux dérivés: sauve-raban et rabanter.

 

Ruban. Le mot date de 1268. On peut le trouver dans un livre de Boileau, les Réglemens sur els arts et métiers de Paris, rédigés au 13ième siècle, édité en 1837. Le mot source pour ruban est ringhband, ce qui signifie ‘collier’. On a emprunté le mot avec la signification de ‘lien de forme circulaire, bande de tissu, servant d’ornement ou d’attache’. Jusqu’au 16ième siècle, le mot est utilisé seulement dans la mode féminine, plus tard, aux 17ième et 18ième siècles, on pouvait utiliser le mot également dans la mode masculine. Il y avait quelques expansions de signification. En 1802, on trouve la signification de ‘décoration qui se porte à la poutonnière gauche des hommes’. Par analogie de forme, on avait la signification de ‘bande mince et étroite d’une matière flexible’ (1730), ‘bande de pâte qui entoure certaines pâtisseries’ (1842) etc. Maintenant, le Grand Robert donne comme signification ‘étroite bande de tissu, servant d'ornement, d'attache, bande mince et assez étroite d'une matière flexible’. Il y avait un élargissement du sens. En néerlandais, la signification du mot était seulement un collier, qu’on peut porter dans le cou, mais en français, la signification s’est élargie à beaucoup de choses avec la même forme. Il y a plusieurs dérivés: rubaner, rubané, rubaneur, rubanage, rubanier, rubanerie, enrubanner et enrubannage.

 

Vrac. Godefroy date ce mot de 1435. La source est le mot wrac, ce qui signifiait ‘pourri’. D’abord, on utiliserait le mot seulement pour indiquer l’état du poisson, mais plus tard, le mot s’est utilisé plus largement pour des chose gâtée. Encore plus tard, on utiliserait le mot également pour des choses en désordre. Le sens actuelest ‘pêle-mêle, sans être arrimé ou contenu dans des sacs, des caisses, etc., sans emballage, marchandise (charbon, minerai, etc.) ne demandant pas d'arrimage ni d'emballage particulier’. Il y a eu un élargissement du sens. D’abord, le mot s’utilisait seulement pour indiquer l’état du poisson, mais maintenant, c’est un mot qu’on utilise pour beaucoup de choses. Il y a un dérivé: vraquier.

 

Il y a trois autres mots qui ont subi un élargissement du sens, drogue, étape et plaquer. Comme ils ont subi plusieurs changements, ils sont décrit dans la catégorie dix, plusieurs changements.

 

  1. La métaphore

 

Boulevard. Ce mot date de 1327. On trouve ce mot pour la première fois chez J. de Vignay, dans son miroir historial de 1327. Le mot source est bolwerck. La signification en néerlandais était ‘bastion’. Le mot est emprunté avec cette signification: d’abord, la signification était ‘ouvrage de défense’ et au sens figuré ‘ce qui protège. Au 18ième siècle, cette signification était vieillie. Par métonymie, la sens a changé dans le sens actuel: ‘promenade, large rue plantée d'arbres faisant le tour d'une ville (sur l'emplacement des anciens remparts) ou large voie, large, rue, souvent plantée d'arbres.’ Le changement qui a eu lieu est une métaphore. Une partie du bastion (une partie plantée d’arbres) est devenue la nouvelle signification. Il y a quelques dévirés: boulevarder, boulevardier.

 

Drayer. Le mot date de 1741. On trouve ce mot pour la première fois dans un livre de Savary des Bruslons, le Dictionnaire universel de commerce, d’histoire naturelle, d’arts et de métiers de 1741. Le mot source pour drayer est draaien ce qui signifie ‘tourner’. Maintenant, le sens a beaucoup changé. Le sens actuelest ‘égaliser (une peau) en enlevant une partie de la chair, lors du corroyage’. Ce changement peut être une métaphore, par le mouvement qu’on fait en drayant. Il y a quelques dérivés: drayage, drayoir(e) et drayure.

 

Drôle. Le mot date de 14ième siècle. On trouve le mot pour la première fois dans a Dictionarie of the French and English tongues de Cotgrave du 1611. Le mot source est drol. Le mot n’existe plus en néerlandais, mais la signification était ‘petit bonhomme, lutin’. Au 16ième siècle, drôle signifiait ‘bon vivant, débauché (valeur péjorative)’. En 1652, la signification était ‘une personne rouée dont il faut se méfier’. Après, la signification était ‘personne méprisable’ (1718). Toutes ces significations sont maintenant vieillies. La signification de ‘enfant’ s’est développée au 18ième siècle. Cette signification est encore très vivante dans le français régional. En 1636, on trouve le mot pour la première fois comme adjectif. D’abord, drôle était une personne ‘qui amuse, fait rire’, puis, on le disait également d’une situation ou un objet (1670). Plus tard, on a développé des expressions avec drôle: en drôle de (1664) et drôle de (1842). Le sens actuelest la même qu’au 17ième siècle: ‘qui prête à rire par son originalité, sa singularité, qui est anormal, étonnant’. Le changement de sens qui a eu lieu est une métaphore. On a pris un aspect de la signification du mot source et cet aspect est devenu la signification du mot. Drôle est beaucoup utilisé quand on regarde les dérivés: drôlerie, drolatique, drolatiquement, drôlesse, drôlement, drôlet et drôlichon.

 

Hobereau. Ce mot date de 1196. Un peut le trouver dans l’Estoire de la guerre sainte d’Ambroise. Ce livre est écrit vers 1196. Le mot source pour hobereau est hobbelen, ce qui signifie ‘cahoter’. Vers 1196, on trouver le mot hobeler, signifiant ‘harceler l’ennemi, piller’. Plus tard, on trouve le mot hobel, ce qui signifie ‘petit oiseau de proie’ (13ième siècle). Ce mot c’est développé à hobereau. Le sens actuelest ‘oiseau rapace diurne de petite taille, qui se nourrit de petits oiseaux et de gros insectes, ce qui l'oblige à voler très bas’. Il y a une métaphore ici. Une caractéristique de l’oiseau est la façon de marcher. On a utilisé cette façon pour donner l’oiseau son nom.

 

Houlette. Godefroy date ce mot en 1278. La source pour ce mot est le mot hollen, ce qui signifie ‘courir’. Au 13ième siècle, on connaît dans le français l’emprunt houler de hollen. La signification de houler était ‘jeter, lancer’. De ce mot, on a formé le mot houlette. La houlette était munie à son extrémité d’une plaque en forme de gouttière, servant à jeter des mottes de terre aux moutons qui s’éloignaient du troupeau. Cette signification est sortie d’usage. Par analogie de forme, la signification est devenu ‘bâton pastoral d’un évêque’

On connaît encore l’expression sous la houlette de. Le changementqui a eu lieu est une métaphore. Une caractéristique du mot source est prise, et avec cette caractéristique, on a formé une nouvelle signification.

 

Lippe. Le mot date du début du13ième siècle. On peut trouver le mot dans le Roman de Renart de 1174-1250. La source pour lippe est le mot néerlandais lip, ce qui signifie ‘lèvre’. Le sens actuel du mot est ‘lèvre inférieure, proéminente, pendante’. Ce changement de sens a probablement eu lieu sous influence du mot néerlandais pruilen ou pruillip, ce qui signifie ‘bouder’ ou ‘moue (boudeuse)’. Quelqu’un qui boude a une lèvre inférieure très grande. Le changement de sens qui s’est passé ici est donc une métaphore. Il y a quelques dérivés: lippée et lippu.

 

Mafflu. Le mot mafflu date de 1660.On peut le trouver pour la première fois dans un livre de César Oudin, dans son Thresor des deux langues françoise et espagnolle de 1660. Le mot source est maffelen, ce qui signifiait ‘mâchonner’. Le mot mafflu est le participe passé du verbe mafler, qui est maintenant disparu. Mafler signifiait ‘manger beaucoup’. Le sens actuelde mafflu est ‘qui a de grosses joues’. Il y avait donc une métaphore. On a pris une caractéristique de ‘manger beaucoup’, le fait qu’on a une bouche pleine, et on a appliqué ce fait au nouveau mot, mafflu.

 

Margaille. Ce mot est un emprunt assez récent, de 1924. La source pour margaille est le mot mergelen, ce qui signifie ‘marner’. Le sens actuelest ‘bagarre, mêlée bruyante’. Ce changement est probablement une métaphore. Une aspect de ‘marner’ c’est que cela pue, est c’est donc un aspect négatif. On a pris cet aspect, et on l’a transmis à d’autres choses négatives.

 

Mitraille. Le mot mitraille se trouve pour la première fois en 1375. On peut le trouver dans un livre de R. de Presles, la Cité de Dieu….de saint Augustin de 1375. Le mot source est mite, ce qui signifiait ‘sorte de monnaie de cuivre’. Le français a utilisé la signification d’un ‘morceau de métal’, surtout dans la langue militaire. En 1667, la signification était ‘morceaux de ferraille dont on charge de canons’. Plus tard, on utiliserait le mot pour boîte à mitraille enfermé dans une petite boîte ronde en fer blanc’. C’était en 1872. La signification de ‘décharge collective d’artillerie’ et en particulier ‘tir nourri d’obus, de balles’ est de la même date. Maintenant, on utilise mitraille dans le sens de ‘ferraille, puis balles de fonte qu'on utilisait autrefois dans les canons comme projectiles, petite monnaie de métal, débris de métaux’. Le changement qui a eu lieu est une métaphore. Une caractéristique du mot néerlandais mite est pris, l’aspect que la monnaie était une pièce de métal, et on a appliqué cet aspect à l’emprunt. Il y a quelques dérivés. Mitrailler est le plus important. De mitrailler, on a dérivé mitraillade, mitraillage, mitrailleur, mitrailleuse, mitraillette etc.

 

Moque. Ce mot se trouve pour la première fois en 1687. Le mot est nommé dans le Jal, Glossaire nautique. Répertoire polyglotte des termes de marine anciens et modernes de Jal, de 1848. Le mot source est mok, ce qui signifie ‘gobelet’. D’abord, le français a emprunté le mot avec la signification néerlandaise, donc ‘vase servant à boire ou à mesurer’. Depuis 1800, on trouve le mot dans les dictionnaires généraux. Le sens actuelest ‘bloc de bois percé intérieurement d'un trou par lequel passe un cordage et muni sur son pourtour d'une cannelure pour recevoir une estrope, récipient servant à boire, mais le plus souvent à mesurer certaines denrées’. Il y avait une analogie de forme, la chose qui est indiquée par le mot néerlandaise mok a la même forme que la moque française, seulement la fonction est différente. Le changement qui a eu lieu est une métaphore.

 

Orin. Le mot date de 1483. On peut le trouver dans le Grand Routier de Garcie. Ce livre date de 1542. Le mot source est oorring, ce qui signifie ‘boucle d’oreille’. Le sens actuelest ‘cordage reliant une ancre à la bouée qui permet d'en repérer l'emplacement’. Le changement de sens est probablement une métaphore. La forme d’une boucle d’oreille est la même forme que l’orin, seulement la fonction est différent. Il y a un dérivé: oringuer.

 

Raguer. Le mot date de 1682. On peut trouver le mot dans le livre de Jal, son Glossaire nautique. Répertoire polyglotte des termes de marine anciens et modernes de 1848. La source pour ce mot est ragen, se qui signifie ‘passer la tête de loup’. Le sens actuelest ‘user, déchirer par l'effet du frottement’. Il y a eu une métaphore ici. Une caractéristique de la signification du mot néerlandais est qu’on frotte la tête de loup contre quelque chose. On a pris cet élément pour la signification du mot français.

 

Rate. Le mot date de 1156. On peut le trouver dans le Roman de Thèbes, du milieu du 12ième siècle. La source est le mot néerlandais rate, se qui signifie ‘rayon d’une ruche’. Le sens actuel est ‘organe lymphoïde du système réticulo-endothélial, situé sous la partie gauche du diaphragme, et constitué par une pulpe rouge gorgée de sang parsemée de nodules blancs (follicules lymphoïdes)’. Le changement du sens est probablement une métaphore, après l’analogie de forme. La forme de la rate néerlandaise est la même que la forme de la rate française. Il y a quelques dérivés: ratelle, dérater et dératé.

Rigole. Le mot date de 1210. On peut le trouver dans le Folque de Candie, qui est écrit vers 1210. La source pour ce mot est le mot regel, ce qui signifie ‘ligne’. D’abord, la signification était ‘canal étroit ménagé pour l’écoulement ou l’arrivée d’eau’. Par analogie de forme, la signification est devenue ‘une petite tranche creusée pour recevoir les fondations d’un mure de clôture’ (1660). Après, la signification a changé en ‘sillon peu profond dans lequel on sème les graines’ (1690). Le Grand Robert donne comme sens actuel ‘petit conduit creusé dans une pierre ou petit fossé aménagé dans la terre, qui sert à amener ou à évacuer l'eau’. Le changement de sens qui s’est produit dans ce mot est une métaphore. On a pris une caractéristique du mot source (le fait qu’une ligne est droit), et on l’a appliqué aux autres choses (l’économie hydraulique), tandis qu’en néerlandais, on n’utilise pas ce mot pour l’économie hydraulique. Il y a quelques dérivés: rigoler, rigolage et rigoleuse.

Saur. Godefroy date ce mot dans le 13ième siècle. Le mot source est soor, ce qui signifiait ‘séchée’. Maintenant, on utilise le mot seulement en parlant de hareng saur. Le sens actuelest ‘fumé (en parlant d'un poisson)’. Le mot ne s’utilise pas beaucoup maintenant, mais il y a beaucoup de dérivés: saurer, saurage, saurir, saurisseur, saurissage, saurisserie, sauris, sauret et saurin. Il y avait une métaphore ici. Une caractéristique de ‘séchée’ est qu’on peut conserver la nourriture séchée longtemps. On a pris cette caractéristique pour la signification actuelle de saur.

 

Tringle. Godefroy date ce mot de 1328. La source pour tringle est tingel ce qui signifiait ‘coin, épite’. Le mot était surtout utilisé dans la langue marine pour ‘une pièce de bois joignant les coupons d’un train de flottement’. Une autre signification est ‘baguette équarrie’. Depuis la 17ième siècle, le mot a son signification actuelle: ‘Baguette métallique ronde servant de support’ (depuis 1611). En architecture, on connaît également le mot tringle. La signification là est ‘une moulure plate à la partie inférieure du triglyphe d’un chapiteau dorique’ (depuis 1676). Après 1680, il y a de diverses valeurs spécialisées. La signification du mot français est basée sur la forme de l’objet qu’on appelait tingel en néerlandais. Il y a donc eu une métaphore. Il y a quelques dérivés: tringler et tringlette.

Vacarme. On trouve le mot pour la première fois en 1288, dans Renart le Nouvel de 1288. Le mot source est wacharme, ce qui était un cri, signifiant ‘malheur à moi’. Le mot est utilisé comme interjection au lieu de au secours. La valeur du mot est liée à l’idée de ‘querelle, dispute’. Plus tard, le mot est utilisé pour ‘bruit assourdissant’ (fin 14ième siècle). Vers 1500, le sens est devenu: ‘bruit de gens qui s’amusent, crient’. Cette signification n’a pas beaucoup changé. Maintenant, le Grand Robert donne comme signification ‘cri, clameur, grand bruit de gens qui crient, se querellent (sens primitif), qui s'amusent, bruit assourdissant’. Il y a eu une métaphore. Le cri même est devenu le mot pour ‘beaucoup de bruit’

 

Wagage. Le mot date de 1869. On peut le trouver dans un livre de Heuzé, La France agricole [III, région de l’Ouest, ou Région des bruyères de 1869. Le mot source est wac, ce qui signifiait ‘mouillé’. Le sens actuelest ‘limon de rivière utilisé comme engrais’. Le changement qui a eu lieu est une métaphore. Le mot d’origine avait seulement la signification de ‘mouillé’, mais maintenant, la signification est un ‘type de sol qui est mouillé’. On a donc pris la caractéristique du mot pour former une nouvelle signification.

 

Il y a deux autres mots qui rentrent dans cette catégorie, drogue et étape, mais ces mots conviennent dans des catégories différentes, donc ils sont décrit dans la catégorie dix, plusieurs changements.

 

  1. L’épaississement du sens

 

Bastringue. Ce mot se trouve pour la première fois en 1794. Le mot (ou expression) source est bas drinken, ce qui signifiait ‘boire beaucoup’. En 1794, le mot est utilisé pour un ‘air populaire de contredanse’. En 1800, bastringue signifiait ‘bal, cabaret dansant’. En 1866 les significations de ‘dispute, vacarme’ sont ajoutées par extension. Maintenant, le mot signifie ‘bal de guinguette, orchestre tapageur, musique grossière’. La signification a donc épaissi. Un mot abstrait (boire beaucoup) est devenu quelque chose de concret. Il y a un dérivé: bastringuer.

 

Estompe. Le mot date de 1666. On trouve le mot pour la première fois dans les Mémoires de l’académie des sciences de Fontenelle de 1699-1757. Le mot source pour estompe est stomp, ce qui signifie ‘muet, lourd’. Les peintres néerlandais ont amené ce mot à la France. D’abord, ce mot signifiait ‘rouleau de papier ou de peau, terminé en pointe et utilisé pour étendre le crayon ou le pastel sur un dessin’. Par métonymie, la signification a changé en ‘dessin fait à l’estompe’ (1835). Après, la signification était ‘ombre légère’ (1858). Le sens actuel est encore le même, le Grand Robert donne la signification suivante: ‘petit rouleau de peau ou de papier cotonneux, terminé en pointe, servant à étendre le crayon, le fusain, le pastel sur un dessin, dessin à l'estompe.’ Il y a eu un épaississement. En néerlandais, le mot stomp (‘muet, lourd’) est un mot abstrait. En français, le mot estompe est un mot concret. Il y a quelques dérivés: estomper, estompé(e) et estompage.

 

Gredin. Le mot date de 1640. On le trouve pour la première fois dans un œuvre d’Oudin. Le mot source pour gredin est gredich, ce qui signifiait ‘avarice’. Quand on a emprunté le mot, la signification était ‘mendiant, truand’. Quelques années plus tard, en 1653, on connaît déjà la signification de ‘personne vile, méprisable’. Plus d’un siècle plus tard, le mot a reçu une autre signification, par affaiblissement: ‘mauvais garnement’. Maintenant, le Grand Robert donne comme signification ‘gueux, misérable qui est de la lie du peuple, (Furetière), qui est réduit à la mendicité, écrivain médiocre, avide, besogneux ou famélique, personne sans honneur, sans probité, vile, méprisable’. Quand on ne regarde pas l’affaiblissement du sens, qu’on ne peut pas retrouver dans le Grand Robert, on peut dire qu’il y avait un épaississement. Gredich était un mot abstrait en néerlandais. En français, le mot est devenu une chose concrète. Il y a une dérivé: gredinerie.

 

Rabot. Selon Godefroy ce mot date de 1342. La source pour rabot est le mot robbe, ce qui était le mot pour ‘rugueux’. Le mot est emprunté avec la signification de ‘pierre dur servant à paver, outil à ménagerie servant à aplanir le bois’. Il y avait quelques extensions. En 1432, le mot est utilisé dans la signification de ‘râble de boulanger’. Plus tard, il y avait des significations différentes: ‘outil en servant à remuer le mortier’ (1482), ‘instrument pour polir les glaces et le marbre’ (1676), ‘outil pour couper les poils du vélours-soie et de peluches’ (1875) etc. Il y a une caractéristique commune à toutes ces significations. Un rabot sert toujours à faire quelque chose égale. Le Grand Robert donne comme signification actuelle ‘outil de menuiserie, formé d'une lame de métal oblique ajustée dans un fût qui en laisse un peu dépasser le tranchant, et qui sert à enlever les inégalités d'une surface de bois, à faire des moulures, des rainures’. Le changement de ce mot est un épaississement. Le mot abstrait néerlandais robbe est devenu un outil concret en français. Il y a quelques dérivés: raboter, rabotage, raboteur, raboture et raboteux.

 

On peut également placer le mot maquereau dans cette catégorie, mais ce mot a subi deux changements de sens, donc il est décrit dans la catégorie dix, plusieurs changements.

 

  1. Un mot concret devient un mot abstrait

 

Etalinguer. Le mot date de 1690. Dans cette année, on a trouvé le mot pour la première fois dans un livre de Furetière, son Dictionnaire universel contenant généralement tous les mots françois, tant vieux que moderne et les termes de tous les sciences et les arts. Le mot source est staglijn, ce qui signifie ‘ligne d’etai’. Le sens actuelest ‘amarrer (un câble) à l'organeau d'une ancre’. Le nom de l’instrument est donc devenu le nom de l’action. Un mot concret est devenu quelque chose d’abstrait. Il y a un dérivé: étalingure.

 

Gruger. Godefroy date ce mot de 1482. La source du mot est gruizen, ce qui signifie ‘réduire’. Ce sens a disparu en français européen. On peut toujours trouver ce sens dansle français de Québec. La signification actuelle est figurée: ‘duper quelqu’un en affaires’. Une action concrète est devenu une action abstraite. Il y a beaucoup de dérivés: grugeoir, grugeage, égruger, égrugeure, égruseur, égrugeage.

 

Lamanage. Godefroy date ce mot en 1355. Le mot source de lamanage est lootsman, ce qui signifie ‘pilote, lamaneur’. Le sens actueldu mot est ‘pilotage des navires à l'entrée et à la sortie des ports, dans les passes, les chenaux, les «baies, goulets, écueils près de terre, côtes, rades et rivières» (Gruss) ou amarrage des navires à quai.’ Une chose concrète est devenu une chose abstraite.

 

Micmac. Ce mot date de 1453. On peut le trouver pour la première fois dans un livre de Monstrelet, la Chronique d’Enguerrande de Monstrelet en deux livres de 1453. Le mot source est muytmaker, ce qui signifiait ‘agitateur’. Le français a emprunté le mot dans la signification de ‘intrigue’. Plus tard, en 1876, on connaissait la signification de ‘grand désordre jugé inextricable’. Maintenant, le Grand Robert donne comme signification ‘intrigue mesquine, agissements suspects, désordre, situation embrouillée’. Quelque chose de concret est devenue abstrait.

 

  1. Inconnu

 

Bégayer. Le mot date de 1495. Ce mot se trouve pour la première fois chez J. de Vignay, dans le miroir historial de 1495. Le mot source pour bégayer est beggen, ce qui signifiait ‘bavarder’. Maintenant, le mot signifie ‘parler avec difficulté, en articulant mal, en hésitant et en répétant certaines syllabes’. Il y a quelques dérivés: bégaiement, bégayage, bégayant et bégayeur.

 

Bègue. Godefroy a daté ce mot en 1313. Ce mot et le mot précédent ont la même source: beggen (‘bavarder’). Maintenant, le mot signifie ‘qui bégaie de manière habituelle (souvent, de naissance) ou de manière occasionnelle (parfois même volontaire)’. Les changements dans la signification de ce mot sont les mêmes que dans le mot précédent.

 

Blaser. Ce mot date de 1608, ou on peut trouver le mot dans un livre de Mathurin Régnier. Ce mot vient du mot néerlandais blazen, ce qui signifie ‘gonfler, enfler’. En 1740, le sens de ‘user par excès de liqueurs fortes’ a été accueilli par l’Académie Française. Puis, cette signification a disparu. Le sens actuel est également figuré: maintenant, le mot signifie ‘émousser des sens de quelqu’un par l’abus, user par l'excès d'alcool’. Il y a des dérivés de ce mot: blasé(e), blasement.

 

Cramique. Le mot date de 1830. Le mot source pour cramique est cramicke, ce qui signifie ‘pain blanc, pain de froment’. Maintenant, cramique indique une autre sorte de pain: ‘pain brioché, au lait et au beurre, garni de raisins de Corinthe’. Ce changement est un changement difficile, on ne peut pas placer ce changement dans les catégories de Bréal.

 

Creton. Le mot date du 13ième siècle. La première fois qu’on a trouvé le mot à l’écrit est dans Doon de Mayente, une chanson de geste du fin 13ième ou début 14ième). Le mot source est kerte, ce qui signifiait ‘bande sur un noyau d’un roue’. Par l’aspect des cretons, le sens a changé à ‘morceau (de lard, de panne de porc) frit’.

 

Epite. Le mot date de1694. L’écrivain qui était le premier à utiliser ce mot est Th. Corneille dans Le dictionnaire des arts et des sciences de 1694. La source pour ce mot est spit, ce qui signifie ‘broche’. Le sens actuel est ‘petite cheville de bois destinée à boucher un trou, épaissir ou caler une pièce’.

 

Escarbille. Le mot date de 1667. On le trouve dans un livre de Barbier, dans son Miscellanea lexicographica de 1927-1950. Le mot source est schrabben. La signification de schrabben était ‘griffer’. Le mot est passé par le wallon dans le français. Sens actuel est ‘fragment de houille incomplètement brûlé que l'on retrouve dans les cendres ou qui s'échappe de la cheminée d'une machine à vapeur’. Il y a un dérivé: escarbiller.

 

Faquin. Le mot date de 1460. On trouve le mot pour la première fois dans l’œuvre de G. Chastellain (1425-1475). Le mot source pour faquin est fac, ce qui signifiait ‘poche’. En 1534, le mot signifiait ‘portefaix’. La signification moderne de ‘homme méprisable’ est connue depuis environ 1561. Une autre acception du mot, ‘mannequin (de paille)’ est utilisée dans les joutes depuis 1606. Maintenant, le Grand Robert donne des significations suivantes pour faquin: ‘individu sans valeur, plat et impertinent, mannequin de bois ou de paille, qui servait dans les joutes à l'exercice de la lance’. Il y a deux dérivés: faquinerie et faquinisme.

 

Flèche. Le mot date de 1193. On peut le trouver pour la première fois dans un livre de Hélinant, les Vers de la mort, par Hélinant, moine de Froidmont de 1193. Le mot source pour flèche est vlecke, ce qui signifie ‘tache’. Le mot est un croisement entre le mot de l’ancien français fliche et le mot de l’ancien picard fliche. Le mot du picard est emprunté au néerlandais. Le sens actuel du mot est ‘arme de jet consistant en une tige de bois munie d'un fer aigu à une extrémité et d'ailerons à l'autre, pièce de lard levée sur le côté du porc, de l'épaule à la cuisse.’ Il y a quelques dérivés: flécher, fléchette, enfléchure et flichette.

 

Flétan. Ce nom d’un poisson date de 1554. On le trouve dans le Libri de piscibus marinis, in quibus verae pisciun effi gies expressae sint de Rondelet qui date aussi de 1554.La source pour flétan est le mot vleting. Vleting est une composition de vlet, ce qui signifie ‘flotte’ et le suffixe –ing. Ce suffixe est utilisé pour indiquer un poisson. Le sens actuelest ‘grand poisson plat des mers froides, à chair blanche et délicate’.

 

Halecret. Le mot date de 1489. Il est nommé dans le Glossaire archéologique du Moyen Age et de la Renaissance de Gay, qui date de 1882-1928. Le mot source pour halecret est halskleedt, ce qui est une ‘sorte de robe’. Le sens actuelest ‘pièce de l'armure, corselet de fer battu formé de deux parties pour le devant et le derrière’.

 

Jaumière. Ce mot date de 1552. On peut le trouver dans l’œuvre de Rabelais de 1525-1553. La source pour ce mot est le mot néerlandais helm, ce qui signifie ‘casque’. Le mot helm a changé en heaume et plus tard en heaumière. Le mot heaume avait déjà la signification de ‘barre du gouvernail’, en 1552. Heaumière signifiait ouverture pratiquée dans la voûte d’un navire pour le passage du gouvernail. Ce mot a changé en jaumière. Le sens actuelest pratiquement le même que le sens de heaumière ‘ouverture pratiquée dans la voûte d'un navire pour le passage de la mèche du gouvernail, dont la tête dépasse, et sur laquelle la barre est fixée’.

 

Laye. Godefroy date ce mot en 1357. La source pour laye est le mot leaye, ce qui signifiait ‘foret, flamme’. Le sens actuelest ‘auge d'un pressoir, partie inférieure du sommier de l'orgue, qui abrite les soupapes et emmagasine l'air que les porte-vents lui envoient de la soufflerie’.

 

Linguet. Le mot date de 1634. On trouve le mot pour la première fois dans un livre de Cleirac, son explication des termes de marine employez dans les edicts, ordonnances et reglemens de l’Admirauté de 1634. La source pour ce mot est le mot hengel, ce qui signifie ‘canne à pêche’.Le sens actuelest ‘chacune des «courtes barres de fer mobiles autour d'une cheville et qui empêchent un cabestan, un treuil ou un guindeau de dévirer, c'est-à-dire de tourner dans un sens contraire à celui de leur mouvement’.

 

Maquiller. Le mot date de 1460. On peut trouver le mot dans l’œuvre de Villon de 1456-1463. La source pour ce mot est le même que pour le mot précédent, maken, ce qui signifie ‘faire’. Le mot maken est d’abord emprunté dans le picard, dans la forme de maquier, ce qui signifiait ‘faire, feindre’. Dans le passé, le mot est surtout utilisé dans l’argot. Dans les 17ième et 18ième siècles, le mot signifiait ‘voler’. Jusqu’au 18ième siècle, on utiliserait maquiller également dans la signification de ‘travailler’. Plus tard, entre 1790 et 1849, le mot avait regagné sa signification originelle: ‘faire’. Vers 1815, le mot s’utiliserait dans l’argot des joueurs de cartes, dans la signification de ‘falsifier l’apparence d’une chose pour tromper’. Le mot est pris par l’argot de théâtre. La signification était ‘se grimer’ (1840). Après, le mot a eu sa signification moderne. Le sens actuelest ‘modifier ou embellir certains caractères du visage de (qqn), par des procédés, dénaturer, fausser’. La signification de ‘dénaturer, fausser’ est un emploi figuré. Il y a quelques dérivés: maquillage, maquilleur et démaquiller.

 

Nable. Ce mot date de 1820. Comme moque, on peut trouver ce mot dans le livre de Jal, son glossaire nautique. Répertoire polyglotte des termes de marine anciens et modernes de 1848. Le mot source pour nable est nagel, ce qui signifie ‘clou’. Le sens actuelest ‘bouchon qui ferme le trou de vidange d'une embarcation, trou de vidange’.

 

Ramequin. Le mot date de 1654. Le premier écrivain qui a utilisé le mot est Quinault dans Le Théatre [1653-1686] de M. Quinault, contenant ses tragédies, comédies et opéras. Le mot source est rammeken, ce qui signifie ‘petit bélier’. Le sens actuelet ‘petit gâteau au fromage, petit récipient utilisé pour la cuisson au four ou au bain-marie’. La deuxième signification est une métaphore de la première signification: Une partie de la signification est utilisée pour créer une nouvelle signification.

 

Ripaille. Le mot date de 1579. On peut le trouver dans un livre de Philipot, l’essai sur le style et la langue de Noël du Fail, écrit en 1914. La source pour ce mot est rippen, ce qui signifiait ‘bouger quelque chose’. Le sens actuel: ‘repas où l'on mange beaucoup en festoyant’. Il y a quelques dérivés: ripailler et ripailleur.

 

Tangon. Le mot date de 1797. On peut le trouver dans le livre de P. Barbier, son miscellanea lexicographica de 1927-1950. Le mot source est tange, ce qui signifiait ‘tenaille’. Le sens actuelest ‘fort espar utilisé à l'horizontale, et qui dépasse à l'extérieur du navire’.

 

Taper. Le mot date de 1181. L’origine du mot est le mot tappe, ce qui signifiait ‘bouchon’. Maintenant, la signification est ‘frapper du plat de la main, donner une tape à...; par extension, frapper’. Il y a beaucoup de dérivés, par exemple tapage, tapant, tape, tapiner, tapoter, retaper, tape-cul et tapoir.

 

Trouille. Ce mot date de 1891. La source est le mot drollen, ce qui signifiait ‘jouer, radoter’. En 1900, on connaissait l’expression avoir la trouille, ce qui signifie ‘avoir peur’. Maintenant, la signification n’a pas beaucoup changé ‘peur aiguë’. Il y a quelques dérivés: trouillard, trouillomètre et trouilloter.

 

  1. Plusieurs changements

 

Drogue. Le mot date du 14ième siècle. On le trouve pour la première fois dans un livre de J. Perréal, dans son Nature à l’alchimie du 14ième siècle. Le mot source pour drogue est droog, ce qui signifie ‘sec’. Après, la signification a beaucoup changé. D’abord, ‘sec’ a changé en ‘séché’ et en 1568, le mot signifiait ‘produit pharmaceutique, remède traditionnel’, probablement parce que ces produits étaient souvent des herbes séchés. Après, le mot a eu une connotations négative, et un siècle plus tard, la signification de remède a changé en ‘chose mauvaise à absorber’ ou ‘chose/personne dont on fait peu de cas’. Cette signification n’existe plus maintenant. Dans le 20ième siècle, on a ajouté une autre signification, qui est maintenant peut-être le mieux connu: la signification de ‘stupéfiant’ (1913). Le sens actuelest donc : ‘ingrédient, matière première employée pour les préparations médicamenteuses confectionnées en officine de pharmacie, médicament confectionné par des amateurs, des non-spécialistes, et qui, généralement, n'est pas utilisé par la médecine, chose mauvaise à absorber, substance toxique, stupéfiant’. Les significations sont donc très diverses. Dans ce mot, il y a des changements divers. Il y a un épaississement, parce que un mot abstrait (droog = sec) a eu des significations concrètes. Il y a aussi un élargissement du sens dans le développement du sens. D’abord, le mot était utilisé seulement pour des choses séchées, mais plus tard, le mot s’utilise pour beaucoup de choses, également des choses non séchés. Le mot est beaucoup utilisé. On peut le dire parce qu’il y a beaucoup de dérivés: droguerie, drogueur, droguier, droguet, drogueter, droguer et drogué(e).

 

Etape. Ce mot date de 1280. On trouve le mot dans le Dictionnaire Général des termes propres à l’agriculture de 1703. Le mot source pour étape est stapel, ce qui signifie ‘tas, pile’. Les français ont emprunté ce mot et ils y ont donné la signification de ‘entrepôt où les marchands apportait leur marchandises pour les vendre (1489-1491)’. Cette signification a disparu. Par analogie, étape a eu la signification de ‘magasin de vivres, destinés à l’armée’ (1546). Après, la signification est simplifiée à ‘approvisionnement’ (après 1550), des ‘provisions pour des militaires en marche’ (1636). Au milieu du 18ième siècle, la signification est devenu ‘halte temporaire’ dans le vocabulaire militaire. Ensuite, la signification a changé à ‘distance entre deux lieux d’arrêt’ (1833). Cette signification s’est concentré dans le domaine du sport (1870). L’usage figuré date de la deuxième moitié du 19ième siècle. Les significations actuelles sont: ‘marché, lieu où les marchands apportaient et vendaient leurs marchandises, ravitaillement en vivres et fourrage distribué aux troupes en déplacement, distance parcourue ou à parcourir entre deux lieux d'arrêt.’ Il y a eu d’abord un élargissement du sens (le changement du mot néerlandais stapel avec sa signification de ‘tas, pile’ à ‘magasin de vivres’. Plus tard, dans le 18ième siècle, il y a eu une restriction du sens. Encore plus tard, il y a eu une métaphore pour arriver à la signification moderne.

 

Maquereau. Le mot date du 13ième siècle. On peut trouver le mot dans l’œuvre de Rutebeuf, de 1250-1280. Le mot source est maken, ce qui signifie ‘faire’. Le français a emprunté le mot dans la signification de ‘intermédiaire, courtier’. Maintenant, le mot est un terme vulgaire. Le sens actuelest ‘homme qui vit de la prostitution des femmes’. Le changement est un épaississement et un renforcement. Un mot abstrait ‘faire’ est devenu un mot concret. Un mot avec une signification normale, sans une valeur négative a eu une signification négative. Il y a beaucoup de dérivés: maquerellage, maquereautage, maquereller, maquerelle, maquer et dans l’argot mac.

 

Plaquer. Le mot date du 13ième siècle. On peut trouver le mot dans un livre de La Curne de Sainte Palaye, dans son Dictionnaire historique de l’ancien langage françois ou Glossaire de la langue françoise depuis son origine jusqu’au siècle de Louis XIV de 1875-1885. La source pour plaquer est le mot néerlandais placken, ce qui signifiait ‘battre, enduire quelque chose de’. A la fin du 13ième siècle, la signification de ‘battre’ est utilisé dans un sens technique: plaquer un mur de mortier signifiait ‘appliquer avec force et à plat (le plâtre)’. Plus tard, la signification était ‘appliquer une chose plate sur une autre chose plate’ (1505). Dans quelques jargons, on utiliserait le mot: plaquer était ‘mettre quelque chose de bois d’ébénisterie sur un bois ordinaire’ (1676) ou ‘mettre une plaque métal sur une autre chose’ (1690). Il y avait également un sens figuré: ‘abandonner (quelqu’un)’, utilisé par Calvin en 1544. Plus tard, le mot a eu sa valeur familière moderne, en 1867. Au 20ième siècle, on a utilisé le mot dans le sens de ‘quitter un travail’. Cette utilisation vient du rugby. Plaquer signifiait en rugby ‘attaquer quelqu’un pour le faire tomber’. Ici, on peut trouver quelque chose de la signification du 16ième et 17ième siècle. Quand on attaque quelqu’un, il y a deux hommes l’un sur l’autre. Le sens actuelest ‘appliquer (une feuille, une plaque mince), couvrir, recouvrir (qqch.) d'une feuille, d'une couche plate (de métal, etc.)’. D’abord, il y a eu une restriction du sens. Plus tard, le sens est élargi, mais dans une autre direction qu’en néerlandais. D’abord, on utilisait le mot en français seulement dans la langue technique, mais maintenant, c’est un mot général. Il y a beaucoup de dérivés: plaqueur, placard, placarder, placardeur, placardier, placarde, plaquage, plaque, plaquette, plaquettiste, plaquettaire, plaquis et plaqué.

 

Taquin. Godefroy date ce mot en 1244. La source de ce mot est takehan, ce qui signifiait ‘saisir’. En 1411, on connaissait la signification de‘conspiration, émeute des ouvriers contre leur maître’. Plus tard, le sens était ‘homme emporté, violent’ (1442), ‘filou, traître’ (1600), ‘avare’ (comme adjectif) (1538). Après, la signification s’est affaiblie: ‘querelleur’. On connaît le sens actuel de ‘querelleur, chicanier’ depuis la fin du 18ième siècle. D’abord, il y a eu un renforcement du sens, et plus tard le sens s’est affaibli. Il y a plusieurs dérivés: taquinade, taquinement, taquinerie, taquiner et taquinage.

 

 

3.3. Discussion des résultats

 

Dans la figure en dessous se trouvent les résultats de la division des changements de significations dans les secteurs, donnés par Bréal (1925). Il y a deux mots qui ont subi un affaiblissement du sens, 20 mots qui sont restreint dans leur sens. De sept mots, les significations sont élargies, j’ai trouvé une métaphore dans dix-huit mots. Quatre mots ont subi un épaississement, et de quatre mots, la signification concrète est devenue abstraite. De 21 mots, le changement de sens de convient pas aux catégories données, et cinq mots ont subi plusieurs changements de sens.

 

Figure 3. Catégories des changements.

 

De ces cinq mots, il y a une fois un affaiblissement du sens, deux fois un renforcement du sens, deux fois une restriction du sens, trois fois un élargissement du sens, deux fois une métaphore et une fois un épaississement du sens. Les catégories qui sont les plus importantes sont donc la restriction du sens (24,7 %) et la métaphore (22,2 %). Il y a également beaucoup de mots qui ne conviennent pas à une catégorie (25,9 %). Ce qui est remarquable est qu’il n’y a pas de mots dans la catégorie du nivellement du sens. Dans la catégorie de l’affaiblissement du sens et le renforcement du sens, il n’y a pas beaucoup de mots. Dans la catégorie que Bréal (1925) ne nomme pas, un chose concrète devient un mot abstrait il y a quelques mots (4, c’est 4,9 %), autant que dans la catégorie l’épaississement.

On peut dire qu’on peut utiliser la division de Bréal pour regarder les changements de sens, mais cette division n’est pas complète. Il manque une catégorie, que j’ai ajoutée. C’est une catégorie logique, parce que c’est l’inverse d’une autre catégorie. De toutes les autres catégories, Bréal a fait une catégorie qui est l’inverse, sauf pour l’épaississement. En plus, il est difficile de diviser tous les mots. Il y a des mots qui ont subi un changement qui n’est pas logique, est donc, on ne peut pas placer tous les mots dans une catégorie logique.

 

 

4. Conclusion

 

Dans l’introduction, j’ai posé quelques questions. Je vais essayer de donner les réponses ici. Ces questions étaient:

-Quelle a été l’influence néerlandaise sur le français dans le domaine du vocabulaire?

-Les emprunts néerlandais, ont-ils changé de signification?

-Quelles sont les changements de sens aux emprunts néerlandais et est-ce qu’il y a un trait commun à tous les emprunts néerlandais?

 

D’abord, quelle a été l’influence néerlandaise sur le français dans le domaine du vocabulaire?

Le néerlandais a eu une l’influence assez importante sur le vocabulaire français, cela devient clair dans les emprunts néerlandais qu’on trouve en français.

Si on veut savoir comment l’influence néerlandaise sur le français a été intensive, il faut qu’on regarde quelques facteurs, comme la catégorie grammaticale des mots, le secteur des mots, la période dans laquelle les mots sont empruntés et l’intégration d’un mot.

 

La catégorie grammaticale.

Comme je l’ai dit dans le chapitre 2.4, la plupart des mots empruntés sont des noms (78,8 %), après, il y a des verbes (15,4 %). Les autres mots sont dans une autre catégorie grammaticale. Le français a emprunté un affixe au néerlandais. Quand on regarde les stades, décrits dans le chapitre 1.2, on peut dire qu’on peut placer le contact entre le néerlandais et le français dans le stade deux (le contact régulier) ou trois (le contact fréquent).

 

Le secteur des mots.

Il y a deux secteurs de mots qui ont été très importants, la navigation et le métier. Presque la moitié des mots empruntés (47.8 %) est un mot de ces secteurs. Un autre secteur important est les mots de tous les jours. Ces mots forment 9,6 % du corpus. Il y a 14 secteurs, et dans le secteur autre, il y a des mots de beaucoup plus de secteurs. Les mots qui sont empruntés sont donc très divers, et parce qu’on n’a pas seulement emprunté des mots techniques mais également des mots de tous les jours, on peut dire que le contact entre le néerlandais et le français a été fréquent (stade trois).

 

La période.

La période dans laquelle le français a emprunté des mots au néerlandais est très étendue. Les premiers mots sont empruntés dans le 12ième siècle, le dernier en 1952. C’est donc une période de 850 ans. Pendant 700 ans, l’influence a été constante, avec une hausse dans le 17ième siècle. Quand on regarde la période dans laquelle on a emprunté des mots, on peut dire que l’influence a été constante. On a emprunté des mots pendant une période longue, pas dans une période très courte.

 

L’intégration d’un mot.

Les mots néerlandais sont biens intégrés. La prononciation a changé. Les mots sont considérés comme français. On a formé des dérivés de beaucoup de mots, comme je l’ai expliqué dans le chapitre 3.2.

Quand on regarde ces quatre points, on peut dire que le contact entre le néerlandais et le français a été fréquent. Le nombre d’emprunts n’est pas très grand (seulement 208). Quant au nombre d’emprunts, l’influence d’autres langues comme l’italien, l’anglais et le latin a été beaucoup plus grande. Les autres caractéristiques des emprunts néerlandais montrent que l’influence a été considérable.

 

La deuxième question que je vais répondre est: les emprunts néerlandais, ont-ils changé de signification?

De tous les 208 mots, 81 ont changé de signification, c’est donc 38,9 %. La plupart des mots n’ont donc pas changé de signification, mais je pense que quand presque 40 % des mots ont changé de signification, c’est un nombre assez grand. La caractéristique d’un emprunt est qu’on emprunte un mot avec sa forme et sa signification. Les mots néerlandais en français ont donc eu leur propre développement, sinon, ce n’est pas possible que presque 40 % change de signification.

 

La troisième question était: quelle sont les changements de sens aux emprunts néerlandais et est-ce qu’il y a un trait commun à tous les emprunts néerlandais?

Les changements les plus courants aux emprunts néerlandais sont la restriction de sens et la métaphore. Le changement qu’on ne trouve pas est le nivellement de sens. Il devient clair que le sens des mots d’origine néerlandaise est surtout restreint. On trouve l’élargissement du sens, mais la restriction, on la trouve beaucoup plus souvent.

 

Il y avait des contacts fréquents entre la France et les Pays-Bas. Cela était déjà clair quand on regardait l’influence de la langue français au néerlandais. Dans ce mémoire, j’ai voulu regarder l’influence néerlandaise au français. Maintenant, je peux conclure que le néerlandais a influencé le français, surtout dans le domaine du vocabulaire. Une partie du vocabulaire français est d’origine néerlandaise. Cette partie est très bien intégrée dans la langue française, parce que les mots d’origine néerlandais ne sont souvent pas reconnus comme des mots néerlandais. Ces mots ont évolués en français. Ils ont eu leur propre orthographe et prononciation. Dans beaucoup de mots, la signification a également changé. Les emprunts néerlandais sont devenu une partie de la langue français, ils ne sont pas un élément étrange.

 

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